« L’enjeu pour les organisations est de passer à des business models et des logiques d’investissement qui intègrent les enjeux environnementaux et sociaux dans la mesure de la performance. »
Catherine Saire, Associée Sustainability de Deloitte France
La quête de la performance ESG (environnementale, sociale et de gouvernance), renforcée par les exigences des régulateurs, des investisseurs et des citoyens, s’est progressivement imposée aux dirigeants pour créer de la valeur de manière plus responsable et durable.
L‘accélération du cadre normatif a pour objectif d’assurer la confiance des marchés et de se prémunir contre les dérives de greenwashing des organisations. Depuis le 1er janvier 2024, la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD)1 européenne impose aux entreprises d'intégrer les critères ESG dans leur reporting de durabilité.
Portée par l’ambition de devenir le premier continent neutre en carbone, l’Europe densifie ses dispositifs règlementaires pour accélérer la transition et orienter les flux de capitaux vers des activités dites durables.
Laurence Rivat, Associée EU Corporate Reporting Policy Leader de Deloitte France
Par sa vision exigeante des normes environnementales qui dépassent largement les standards climatiques internationaux, l’Efrag2 se distingue des autres acteurs internationaux, notamment de l’ISSB3. Elle met notamment l’accent sur les critères ESG tout en intégrant le principe de double matérialité qui permet de mesurer les impacts que l’entreprise peut engendrer par sa propre activité.
L’Europe a donc entre ses mains une opportunité de taille pour inciter les organisations à structurer leur démarche sociale et environnementale tout en mettant le secteur financier à contribution. Mais parviendra-t-elle à conserver sa longueur d’avance pour tendre vers une nouvelle économie plus responsable ?
1 Directive européenne votée au parlement en novembre
2022, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2024.
2 Efrag – European financial reporting advisory group, groupe consultatif sur
l'information financière auprès de la Commission européenne.
3 ISSB – International Sustainability Standards Board,
organisme indépendant qui
élabore les normes comptables internationales.
Quelles sont les principales mesures concrètes proposées dans le cadre du Green Deal européen ? Quel est le rôle de la CSRD ?
Dans le sillage de la taxonomie européenne, l’application de la directive CSRD et de celle sur le devoir de vigilance soulève un défi structurant pour les organisations : démontrer leur capacité à organiser et piloter des données ESG fiables dans le temps. Elles devront veiller à garantir leur bonne qualité tout en trouvant un mode de gouvernance adapté. Qui sera responsable de l’ensemble de ces données pour assurer un niveau de transparence élevé quant aux engagements à tenir ?
Il est impossible de piloter ce que l’on ne sait pas mesurer.
Julien Rivals, Associé Sustainability de Deloitte France
Les entreprises capables de démontrer précisément les efforts entrepris feront sans aucun doute la différence auprès de l’ensemble des parties prenantes. Les organisations ayant obtenu les meilleures notations ESG ont ainsi démontré une plus forte résistance aux chocs économiques et financiers…
Une chose est sûre, ces exigences extra-financières ont un impact sur les décisions de nombreux fonds de capital-investissement et d’entreprises. Ces dernières doivent remanier rapidement leurs stratégies et peuvent utiliser les fusions-acquisitions comme un levier d'améliorations rapides et durables.
Si l’intégration des critères ESG dans les opérations de fusion-acquisition peut s’avérer contraignante au départ, elle se révèle être une réelle opportunité pour les entreprises de réduire leurs risques, de favoriser la relation de confiance entre parties prenantes et d’assurer le développement et la création de valeur durable.
Olivier Sautel, Associé Economic Advisory de Deloitte France
Au cours du premier semestre 2021, les entreprises et les fonds ont connu une activité M&A tournée vers l’ESG sans précédent de 103 milliards de dollars, avec une tendance marquée à se délester des actifs problématiques et à lancer des acquisitions plus audacieuses en matière de durabilité.