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Matmut : quand une DSI se transforme avec succès !

Interview de David Quantin, DOSII de la Matmut, réalisée par Alexandre Pinot, Associé Deloitte, et Rémy Mandon, Country leader chez Red Hat France.

Depuis 2015, la Matmut s’est profondément transformée pour faire face à l’évolution du marché. David Quantin, Directeur en charge de l'organisation, des systèmes d'information et de l'innovation (DOSII), témoigne des évolutions qui ont permis à la DSI non seulement de se transformer, mais aussi de devenir un véritable partenaire des métiers par un réel apport de valeur.

L'avis de l'expert

Alexandre Pinot, Associé Deloitte

Nous observons actuellement sur le marché une nouvelle orientation stratégique autour d’architectures ouvertes et composables notamment avec l’open source.

L'accélération des migrations vers le cloud avait fixé un cap assez uniforme sur les trajectoires à tenir.
Or dans un paysage géopolitique complexe et des dépendances économiques ou technologiques à certains fournisseurs, les DSI reprennent désormais les commande du Make or Buy.

La modernisation des systèmes legacy est désormais regardé avec un prisme de lecture différent avec une vision d’une architecture composable et plus agile.
Cette transition est également l’occasion de renforcer les compétences internes là ou parfois des centres de services avait été outsourcés.
Les DSI fixent donc des nouvelles règles du jeu sur l’allocation de leurs ressources et leurs investissements stratégiques, l’open source est désormais une option viable.

Ce choix permet de limiter la dépendance aux fournisseurs, de définir ses propres choix d’architecture et de répondre aux enjeux de souveraineté et évidemment de maîtrise des coûts.

C’est pourquoi nos équipes Deloitte, en collaboration avec Red Hat, ont interrogé David Quantin, DOSII de la Matmut, qui transforme sa DSI depuis 2021 et qui est un exemple réussi de réflexion en profondeur de son socle technologique avec l’open source.

 

La vision du DOSII

David Quantin, DOSII de la Matmut

Une transformation de l’assurance

Face à l’émergence des InsurTech telles que Alan ou Achille, les acteurs traditionnels de l’assurance ont dû s’adapter et accélérer leur transition digitale pour rester compétitive.

Ces nouveaux acteurs, entièrement numériques, ont profondément transformé les attentes des clients en matière de simplicité, de transparence et de rapidité.

Sous l’impulsion de son Directeur Général, Nicolas Gomart, une vaste transformation a débutée en 2015, pour faire de la Matmut, une entreprise tech.

Aujourd'hui, ces efforts portent ses fruits avec 70 % des souscriptions s’effectuent par canal digital.

Une transformation de la DSI au service de ses métiers

Pour accompagner l’évolution des besoins des métiers, la Direction des Systèmes d’Information a élaboré en 2021, un Schéma Directeur des Systèmes d’Information (SDSI), qui vise à garantir la maîtrise du SI et à préserver l’autonomie numérique de l’entreprise, tout en soutenant ses ambitions de développement et d’innovation de ses métiers.

Ce schéma directeur, présenté au conseil d’administration et aux instances représentatives, s’inscrit dans un programme structurant sur 6 ans avec un objectif de transformation total des SI.

Plutôt que d’imposer la technologie, la démarche vise à repenser en profondeur les modes de fonctionnement, pour que le numérique devienne un facilitateur au service de l’efficacité et de l’innovation, et non un obstacle.

Cette transformation passe par 4 grands piliers : 1. la modernisation du SI, 2. le cloud, 3. l’Open Source et 4. un model opérationnel adapté.

« Le numérique n’est pas le cerveau mais le cœur et les artères : il fait circuler l’information, c’est l’infrastructure essentielle au fonctionnement quotidien. »

Pilier 1 : modernisation du SI

La Matmut a fait le choix stratégique de refonder complètement son infrastructure IT, s’appuyant sur une architecture moderne, basée sur les microservices, les API et la containerisation, afin de gagner en agilité et en évolutivité.

La Matmut affirme sa volonté de conserver une maîtrise stratégique et une souveraineté opérationnelle, s’appuyant sur des data centers modernes et des compétences internes valorisées.

Dans cette dynamique, la plateforme Red Hat OpenShift a été déployée, apportant robustesse et flexibilité.

Pilier 2 : mise en place d’une doctrine cloud ready

L’infrastructure a été entièrement repensée selon les standards du cloud, afin d’assurer une portabilité optimale et préparer l’entreprise aux évolutions futures.

La stratégie d’hébergement repose sur une logique différenciée :

  • On-premise pour les applications cœur de métier, avec une architecture de cloud privé entièrement maîtrisée, garantissant la sécurité et le contrôle sur les données sensibles.
  • Cloud pour les usages liés à la data science et à la manipulation intensive des données favorisant l’agilité et la puissance de calcul.


Un partenariat avec S3NS a été établi pour bâtir un cloud de confiance, assurant l’hébergement des données dans un environnement sécurisé et contrôlé. Ce cloud de confiance se distingue du cloud souverain, qui suppose un contrôle national ou européen sur les infrastructures et les données.

Pilier 3 : Open Source et Red Hat

Adopté comme socle technologique à travers des solutions telles que Red Hat Enterprise Linux ou Red Hat OpenShift, l’open source offre à la Matmut la flexibilité, indépendance technologique, économique et contractuel nécessaire pour s’adapter aux évolutions du marché et de toujours garder la main.

Afin de garantir la sécurité et la robustesse de ses environnements, la Matmut s’appuie sur des partenaires reconnus comme Red Hat, tout en conservant la possibilité de changer de fournisseurs à tout moment. Cette approche préserve l’autonomie stratégique et limite les risques de dépendance technologique de l’entreprise, un choix d’architecture assumé.


Pilier 4 : un operating model adapté

La DSI s’est rapprochée des métiers de la Matmut grâce à un fort engagement du comité de direction, une révision globale des processus métiers et une gouvernance transparente vis-à-vis des métiers.

La DSI a ainsi renforcé son autonomie de gestion, développant sa capacité à recruter, investir et arbitrer avec discernement. En misant sur le développement de ses collaborateurs, elle a su préserver et renforcer l’expertise interne couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur. Cela passe par la formation à tous les niveaux, dont une collaboration avec Red Hat.

Succès et principales difficultés  

  • La revue des processus métiers avec une priorisation sur les processus à fort volume, permettant une transformation rapide et des gains immédiats.
  • Un partenariat fort avec les métiers pour assurer un alignement complet entre les besoins futurs et la stratégie IT.
  • Une autonomie de gestion rendue possible par la maîtrise de l’IT, avec une approche qui va au-delà de la seule recherche de réduction des coûts, c’est d’abord de rester en contrôle.

 
Une prise de recul est nécessaire pour prendre les bonnes décisions. Aujourd’hui, il n’existe pas de solution universelle. Les choix technologiques doivent s’adapter aux différents cas d’usage, avec l’objectif de répondre au mieux aux besoins métiers.

«  L’agentique représente une révolution de la même magnitude que celle du digital. »

Et demain ?

La révolution numérique, amorcée avec l’informatisation dans les années 1970, s’est accélérée avec internet et l’IA, nous plongeant aujourd’hui dans un monde numérique hybride.

Face à cette dynamique, une question centrale émerge : à quoi ressemblera le SI de demain ?

Les premières tendances annoncent un SI plus flexible, avec un découplage du cœur SI et des systèmes tiers, apte à intégrer des agents intelligents et, à terme, à exploiter les possibilités offertes par les technologies à venir sur le quantique notamment.

A l’image de l’intégration de l’IA à la Matmut, la technologie est déployée de manière progressive et ciblée, en réponse aux besoins réels des métiers. Une attention particulière est portée à la sensibilité des données ainsi qu’à l’évolutivité et la pérennité des solutions mises en place.

Le Groupe Matmut en quelques chiffres

3,2 milliards

de chiffre d'affaires

3 métiers 

assurance dommages, assurance santé, épargne/prévoyance

4,6 millions

de sociétaires

6800 salariés

dont environ 500 à la DSI

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