Réchauffement climatique, développement de l’e-mobilité, chaînes d’approvisionnement perturbées suite à la pandémie de Covid-19
Le constat est inéluctable : les équipementiers automobiles doivent se transformer. Avec une priorité, la suppression progressive des moteurs thermiques pour limiter les émissions de CO2. Selon nos prévisions, plus de 40% des fabricants de moteurs thermiques doivent initier leur transformation dès maintenant. Leur existence même est en jeu !
Le passage à des motorisations électriques chamboulait déjà l’industrie automobile, bien avant la pandémie – en plus d’autres tendances comme la digitalisation, les véhicules connectés, les véhicules autonomes et l’autopartage. Mais le Covid-19 a provoqué une disruption massive dans la chaîne logistique, un arrêt des productions et un effondrement de la demande… provoquant un surendettement des entreprises.
Aujourd’hui, les équipementiers ainsi que les constructeurs automobiles doivent à la fois optimiser leur trésorerie et modifier leur business model. Les équipementiers ont également comme défi d’optimiser leurs opérations et d’évaluer la rentabilité de leurs usines en fonction des lieux où elles sont implantées.
Mettre en place les mesures permettant de relever ces défis ne sera cependant pas suffisant pour améliorer rapidement la situation financière de cette industrie lourde qu’est l’automobile et son écosystème. De nombreuses entreprises devront envisager de céder certaines de leurs branches, réaliser des opérations de fusion ou prendre d’autres mesures pour récupérer en compétitivité.
Chez Deloitte, nous sommes convaincus que le succès ne vient pas à ceux qui attendent, mais à ceux qui sont prêts à s'atteler à la tâche et à entreprendre le voyage qui les attend pour maîtriser les défis d'aujourd'hui et de demain.
Il existe plusieurs options stratégiques pour les constructeurs et les équipementiers, dont les principales sont les suivantes :
1 - Céder des entités
De nombreuses entreprises sont susceptibles de choisir cette option lorsqu’il s’agit de segments d’activité nécessitant une transformation radicale. Certaines activités liées au marché des moteurs à combustion restent rentables et les équipementiers cotés en bourse peuvent être en mesure de céder certaines de leurs entités à leurs actionnaires.
Céder ou restructurer une entité avec un partenaire
Céder ou restructurer une entité via un partenariat avec un private equity fund est une option intéressante. Même si elle peut refroidir l’opinion publique, elle reste parfois l’une des seules alternatives réalistes pour éviter la faillite.
2 - Réduire les dépenses
La stabilité des chaînes de valeur reste primordiale, même en cas de tendance baissière sur les marchés. Appliquer cette stratégie de réduction de dépense marketing permet aux entreprises leader de maximiser le rendement des capitaux investis sur certains produits et de maintenir un en-cours de production aussi efficace et durable que possible.
3 - S'adapter
Certaines entreprises peuvent choisir de développer des produits ou des usines dans des domaines liés au moteur thermique, par exemple, dans le domaine de l'après-vente. Cependant, ces opportunités se font de plus en plus rares et ne peuvent être réalisées sans une innovation radicale.
4 - Acquérir
Développer un nouveau marché de manière organique peut être difficile et chronophage. Une alternative est d’acquérir une entreprise et de transférer les capacités de production existantes d’un produit en déclin… Vers un nouveau marché.
5 - Mettre la clef sous la porte
La fermeture d’une entreprise n’est pas la meilleure stratégie d'un point de vue financier, mais reste une option envisageable. Les équipementiers peuvent être en mesure de reporter la fermeture s’ils maintiennent le statu quo et mettent progressivement fin à l'activité.
Premier élément à prendre en compte : les collaborateurs. Les représentants du personnel jouent un rôle de plus en plus important dans de nombreux pays d’Europe, et les impacts RH peuvent significativement influencer l’entreprise sur le choix du service à transformer et la nature de cette transformation. Une transformation réussie implique d’intégrer le plus tôt possible les différentes parties prenantes et de créer un réel dialogue basé sur la transparence, mais aussi de mettre en œuvre des mesures d'atténuation pour les collaborateurs.
Les crédits syndiqués étant monnaie courante dans le secteur automobile, les banques et autres partenaires financiers doivent aussi être intégrés le plus en amont possible de la stratégie de transformation.
Les entreprises doivent également assouplir leur structure d’information financière et organisationnelle, notamment si elles souhaitent adopter une stratégie de cession.
Enfin, les équipementiers doivent prendre en compte les problématiques fiscales et les chaînes logistiques de leurs clients.
Nous avons déjà assisté à plusieurs vagues d’intégration au sein des équipementiers automobiles, souvent concentrées sur des secteurs en forte croissance comme l’électronique automobile ou les assistants d’aide à la conduite.
Et, avec un nombre limité de partenaires potentiels, il est probable que les scenarios de fusions entre concurrents se généralisent. Il est donc conseillé d’agir au plus tôt – premier arrivé, premier servi ! Les options restantes seront bien moins attrayantes lors de la deuxième ou troisième vague de consolidation.
Différents types d’investisseurs insufflent cette dynamique d’intégration – équipementiers, fonds de private equity, ou encore nouveaux entrants en quête de bonnes affaires.
La situation à laquelle le secteur est confronté nous rappelle un jeu de chaises musicales…seuls les plus rapides ont les meilleures chances de réussir, car la meilleure opportunité peut se présenter… et disparaître bien plus vite qu’on ne le pense !
La tendance s'oriente rapidement vers des motorisations électrifiées avec, selon les prévisions actuelles, jusqu'à 40 % des équipementiers qui devront accélérer leur processus de transformation.
Jochen Funk, Associé Conseil, Responsable du secteur automobile
Regardez notre vidéo réalisée avec nos experts et auteurs de l’étude.