Bien que les dérèglements climatiques soient l'un des problèmes les plus urgents de notre époque, et malgré la pression croissante exercée par les investisseurs pour que les comités d'audit prennent plus explicitement en compte les impacts climatiques, seuls 6 % des administrateurs répondants ont déclaré aborder ce sujet à chaque réunion du comité d'audit. La plupart des membres des comités d'audit, au niveau mondial, n'ont jamais ou rarement inscrit le changement climatique à leur ordre du jour (58 %).
40 % d'entre eux ont déclaré qu'ils devaient se fier à la direction de l'entreprise ou à des parties extérieures lorsqu'ils examinaient les impacts climatiques.
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Pour la majorité des membres des comités d'audit participant à l'enquête, les principaux obstacles à la surveillance du climat dans les conseils sont l'absence d'une stratégie, plan d’action et responsabilisation sur la réduction des émissions de carbone (65 %), et la mauvaise qualité des données et des informations de gestion (46 %).
De plus, les défis externes ne manquent pas. La principale préoccupation externe des administrateurs concerne l'absence de normes mondiales communes en matière de reporting (60 %). Cependant, la situation évolue rapidement avec l'annonce lors de la COP26 à Glasgow de la création du nouveau conseil international des normes de durabilité (International Sustainability Standards Board –ISSB) sous l'égide de la Fondation IFRS.
Presque 50 % des administrateurs expriment aussi des difficultés concernant : le rythme de l'évolution des réglementations et des pratiques en matière de reporting ; la difficulté à trouver de la clarté et du consensus dans un sujet où les acteurs naviguent l'incertitude et la complexité du changement climatique ; et le fait que les solutions nécessitent des coalitions et des alliances au-delà de leur propre organisation pour réaliser de réels progrès, et que celles-ci sont difficiles à obtenir.
Dans les organisations qui déclarent ou prévoient de déclarer les émissions du scope 3, dont l'organisation est indirectement responsable, les administrateurs ont indiqué qu'ils étaient confrontés à des défis importants, notamment presque la moitié (46 % en EMEA) admettent un manque de compréhension de la valeur perçue de ces informations, et deux tiers (67 % en EMEA) déclarent un manque d’information solide de la part de la chaine de valeur. Cela dans un contexte où les émissions du scope 3 sont susceptibles de représenter la partie la plus importante de l'empreinte carbone d'une entreprise.
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Réponses en pourcentage des personnes interrogées à la question « Quel est le plus grand défi pris en vue du changement climatique au sein de votre organisation ? » :
En termes de responsabilités sur le sujet climatique, l'enquête mondiale de Deloitte indique que 70 % des entreprises considèrent déjà que le PDG assume la responsabilité globale de la stratégie climatique, tout comme le PDG est globalement responsable de la stratégie de l'entreprise. Concernant le conseil d’administration, les répondants considèrent à 61 % qu’il s’agit d’une responsabilité partagée.
Les conseils d'administration pourraient faire bien davantage pour garantir la clarté de la manière dont les entreprises rendent compte de leurs engagements climatiques et mesurent les progrès. Pour faire face au changement climatique, il faut procéder à une évaluation complète de l’impact climatique et en refléter les résultats dans les états financiers.
Cela implique que les organisations évaluent la manière dont le changement climatique affecte leurs opérations, leur chaîne d'approvisionnement, leurs clients et l'écosystème plus large dont elles dépendent pour créer de la valeur pour l'entreprise. Pourtant, la grande majorité des répondants à l'enquête de Deloitte Global (70 %) ont déclaré ne pas avoir réalisé d'évaluation complète du changement climatique, 62 % en EMEA.
Les émissions de scope 3 sont aussi un sujet sur lequel les conseils doivent en faire plus, avec à peine plus d’un tiers des entreprises au global qui pensent reporter les émissions de scope 3 dans leur publication TCFD.
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Réponses des participants à la question « Quel comité du conseil d'administration est responsable du développement durable et du climat ? » :
" Le point essentiel est que le climat doit être intégré à la stratégie de l'entreprise, note Marc Van Caeneghem, Managing Partner de Deloitte France et responsable mondial des équipes climat et développement durable de Deloitte. À partir de cette intégration, des engagements peuvent être pris. Pour les entreprises qui ne sauraient pas par où commencer, les travaux réalisés par la TCFD peuvent constituer un très bon point d’appui. "
" Grâce à une éducation et un engagement accrus, les comités d'audit peuvent aider leurs organisations à prendre des mesures climatiques plus décisives, déclare Sharon Thorne, présidente du conseil d’administration de Deloitte monde. Cela signifie qu'il faut s'assurer que leurs organisations évaluent leurs propres profils de risques environnementaux, établissent des plans d'atténuation et d’adaptation pour réduire leur empreinte carbone, utilisent les normes ESG mondiales et rendent compte avec précision de leurs progrès. "
Dans l'enquête de Deloitte, les administrateurs ont partagé des conseils avec les autres membres des comités d'audit, avec en tête l’amélioration de l'éducation climatique (87 % au global) :
" Mon constat est que nous tâtonnons tous, administrateurs de sociétés cotées et privées, grandes et petites, car le changement climatique est un sujet complexe dont les risques sont en expansion et restent imprévisibles localement. Une révision profonde de notre système économique est enclenchée et cela implique pour les conseils d’administration de trancher sur des dilemmes sur lesquels nous n’avons pas d’histoire et d’engager des plans d’investissements inédits pour remplacer ce qui pollue par des technologies propres. "
Monica de Virgiliis, Membre du Comité d’Audit d’ASM NV ; Membre du Comité d’Audit & Sustainability de Saras SpA ; Présidente de Chapter Zero France
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" Les grands engagements visant la neutralité carbone sont devenus incontournables pour les entreprises, mais la question de leur crédibilité est aujourd’hui posée. Se cache derrière le terme de neutralité carbone un flou sémantique et les actions proposées à court terme semblent bien insuffisantes face à l’urgence climatique. "
Catherine Saire, Associée Developpement Durable, Deloitte France ; Membre de la Task force for Climate related Financial Disclosures (TCFD)
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" La survenue de phénomènes météorologiques extrêmes (pics de chaleur alternant avec inondations dévastatrices, absence de typhons à Taïwan à l’été 2020, réchauffement sans précédent des océans) génère et va générer de « nouveaux » risques dont tous les acteurs reconnaissent une grande complexité. "
Viviane Neiter, Membre du Conseil d’Administration de Plant Advanced Technologies PAT ; Membre du Comité de pilotage des Grands Prix du Gouvernement d'Entreprises décernés par le Journal l'AGEFI
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" Le changement climatique est sans conteste le défi du siècle. Il s’accompagne d’un questionnement sur les fondamentaux d'un modèle économique, social et planétaire que l’on découvre fragile, confronté à un besoin de réelles évolutions de fond, rapides et structurantes. "
Carol Lambert, Associée & Leader Gouvernance, Deloitte France ; Membre du Conseil d’Administration de Deloitte France
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