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Besoins en métaux dans le secteur numérique

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L’étude ADEME-Arcep « Evaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective » (2022) pilotée par les équipes Deloitte, avait identifié la consommation de matière dans les équipements numériques comme l’un des enjeux majeurs de l’empreinte environnementale du secteur, aux côtés des impacts sur le changement climatique. L’utilisation par ce secteur de métaux divers, combinée à la hausse constatée et attendue de la consommation d’équipements numériques (France et monde) fait par ailleurs l’objet d’alertes régulières. Une nouvelle étude de référence, réalisée par nos équipes, fait le point sur le sujet. 

 

 

Objectifs de l’étude 

Identifier et quantifier l'utilisation de métaux par le secteur du numérique en France, analyser leur criticité, et mieux comprendre la fin de vie des équipements du secteur numérique.

Etablir des projections aux horizons 2030 et 2050 de consommation de métaux par le secteur du numérique, à partir de la consommation établie pour l’ensemble du parc en France à date.

Proposer des solutions et des pistes de recommandations pour couvrir les besoins futurs en métaux, tout au long du cycle de vie des équipements. 

Principales conclusions  

 

L’évaluation de la consommation en métaux des équipements numériques est rendue difficile par le peu d’information disponible sur leur composition. Cette opacité se retrouve également s’agissant des chaînes de valeur : tant en amont, de la mine à l’équipement, qu’en aval, après la fin de vie de ces équipements, la chaîne de valeur des métaux comporte de nombreuses zones d’ombre qu’une recherche approfondie ne permet qu’en partie d’éclairer.  

Les données accessibles permettent cependant de constater une forte concentration de l’extraction de métaux : la Chine se trouve en effet en quasi-monopole pour l’extraction de dix métaux du périmètre d’étude. Les métaux utilisés dans les équipements numériques nécessitent par ailleurs un niveau très élevé de pureté. Ces opérations, dites d’affinage, sont réalisées par un nombre limité d’acteurs en aval de l’extraction. Enfin, la production des équipements eux-mêmes est le plus souvent réalisée en Asie de l’Est.   

En aval de la chaîne de valeur, le devenir des métaux, une fois collectés, est incertain : pour la moitié d’entre eux, la présente étude montre qu’il n’existe pas de filière de recyclage à échelle industrielle en France et dans l’UE, en particulier du fait de l’absence de demande justifiant l’opération de recyclage. Lorsqu’elles existent, en l’état actuel du marché et de la répartition des chaînes de valeur dans le monde, il n’existe pas de preuve que les métaux recyclés sont réincorporés dans de nouveaux équipements numériques.   

L’évaluation de la criticité des métaux pour le secteur révèle que les acteurs économiques du secteur en France ont encore un faible niveau de maturité sur la question. Un des éléments d’explication possibles est l’absence d’impact significatif du prix des métaux sur la production d’équipements, les fabricants étant soit en capacité d’absorber les hausses de prix, soit non exposés à des restrictions d’approvisionnement. Une approche plus holistique de la criticité est donc nécessaire :  

  • L’extraction des métaux est associée à des enjeux socio-environnementaux majeurs ;  
  • La prise en compte des étapes de la chaîne de valeur en aval de l’extraction est indispensable, notamment la transformation des métaux, du fait du caractère stratégique de ces activités pour la production de composants numériques, et les enjeux environnementaux associés ;  
  • La localisation des chaînes de valeur est un enjeu géostratégique, s’agissant de la fabrication d’équipements dont l’utilisation est devenue indispensable au quotidien ;  

L’évaluation de la criticité des métaux pourrait ainsi faire ressortir d’éventuels conflits d’usage liés à la double transition énergétique et numérique à moyen et long terme, puisque les deux transitions vont demander des métaux identiques, tel que le cuivre.  

Enfin, l’étude montre qu’il existe une forte dépendance de la consommation de métaux dans les équipements numériques au volume projeté de ces équipements. L’étude ne permet pas en effet de conclure que les réductions unitaires de consommation de métaux (réduction de l’usage et/ou substitution de certains métaux) permettront de compenser la hausse induite par l’augmentation du nombre d’équipements en France. Par conséquent, les choix technologiques et sociétaux effectués aujourd’hui pour notre environnement numérique (ex. déploiement de l’internet des objets – IoT – ou de la 5G, 5G millimétrique et 6G) détermineront la consommation future de métaux par les équipements numériques.  

Recommandations

 

1. Rendre les chaînes de valeur plus transparente  afin de répondre aux questions suivantes : quels sont les acteurs économiques qui participent à cette chaîne de valeur ? Quels sont les impacts socio-environnementaux associés aux différentes étapes de fabrication ?  

2. Mettre en place une stratégie de souveraineté, en tenant compte des possibilités limitées de relocalisation à court et moyen-terme des chaînes de valeur, liées à des investissements conséquents et à des savoir-faire acquis et entretenus depuis longtemps là où les équipements et leurs composants sont produits ; 

3. Amorcer une réflexion sur la mise en place de bonnes pratiques de sobriété, à la fois sur les usages et sur la conception des équipements. 

 

Ces recommandations sont alignées avec les objectifs du « Critical Raw Materials Act » en 2024, qui dresse deux listes de matières premières (34 critiques et 17 stratégiques) essentielles pour les transitions écologique et numérique et qui fixe trois niveaux de référence pour la consommation annuelle de matières premières de de l’UE : 10 % provenant de l'extraction locale, 40 % de transformation dans l'Union et 25 % issues de matières recyclées. A ce titre, en octobre 2024, le Ministère de la Transition écologique a annoncé le lancement de travaux pour élaborer un plan de circularité sur les matières premières critiques, comprenant un groupe de travail sur les équipements électriques et électroniques.  

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