Divers travaux alertant sur l’impact environnemental du numérique ont déjà été menés par le passé au niveau international. Toutefois, ils ne peuvent se substituer à une quantification précise de ces impacts sur le territoire français. Cette mission fut donc confiée en août 2020 à l’Ademe et l’Arcep, avec la contribution de Deloitte, au travers d’une approche inédite par son exhaustivité. En effet, ces travaux reposent sur une évaluation globale basée sur une analyse de cycle de vie (ACV) multi-composants (terminaux, réseaux et centres de données), multicritères (empreinte carbone mais également 10 autres indicateurs environnementaux) et multi-étapes (phases de fabrication, distribution, utilisation et fin de vie).
Après deux premières publications en 2022, ce dernier volet propose une évaluation prospective de l’impact environnemental du numérique en France, en projetant divers scénarios aux horizons 2030 et 2050.
Compte tenu des tendances actuelles d’intensification des usages numériques et en dehors de toute action volontariste en matière d’environnement, il ressort de l’étude que le nombre d’équipements pourrait augmenter de 65 % d’ici à 2030 par rapport à 2020. Le trafic de données serait quant à lui multiplié par 6. Cette inflation serait associée à une augmentation de 14 % de la consommation de ressources abiotiques (métaux et minéraux), de 5 % de la consommation électrique finale en phase d’usage et de 45 % de l’empreinte carbone du numérique en France. L’horizon pourrait s’assombrir davantage d’ici à 2050, avec le risque de voir cette empreinte carbone tripler par rapport à 2020.
Les quatre modèles de sociétés élaborés par l’Ademe pour atteindre la neutralité carbone en 2050 dessinent des futurs variés, allant du scénario le plus sobre au plus extrême :
Source : Ademe/Arcep, 2023, presse.ademe.fr
Trouver un équilibre entre les impacts directs du numérique (les pollutions induites et les ressources consommées) et ses bénéfices indirects sur l’environnement (contribuer à réduire les impacts environnementaux dans d’autres secteurs, comme la mobilité) reste le défi majeur à résoudre.
La mise en œuvre de politiques de sobriété numérique visant à réduire ou à stabiliser le nombre d’équipements combinée à des démarches d’écoconception, permettrait de réduire l’impact environnemental du numérique d’ici à 2030 (jusqu’à -16 % pour l’empreinte carbone par rapport à 2020).
Source : Ademe/Arcep, 2023, presse.ademe.fr
Le futur du numérique reste encore très incertain malgré le projet d’une « feuille de route de décarbonation » de la filière sur toute la chaîne de valeur conformément à l’article 301 de la loi Climat et résilience. La transition écologique oblige par conséquent à réancrer le numérique dans une démarche sociétale : comment le numérique peut-il alors contribuer aux objectifs bas-carbone et se mettre au service de la transition ?
Selon l’usage qu’il en sera fait, le numérique se dessinera progressivement soit comme un amplificateur de l’impact environnemental, soit comme un facilitateur de la transition et de la baisse des émissions. C’est un véritable choix de société qu’il faut acter pour dessiner un numérique plus durable et responsable.
Si le calcul et le traitement de données ont un impact environnemental certain (envoi de mail, consultations de pages internet, etc.), de très nombreuses hypothèses limitent la crédibilité des quantifications d’impact existantes à l’échelle du service numérique. Ces incertitudes pèsent sur d’autres usages du numérique, comme ceux liés à l’entraînement des intelligences artificielles (IA). D’autre part, la plupart des études confirment que l’impact environnemental du numérique est moins lié aux usages qu’à la fabrication des équipements numériques.
L’impact environnemental de la 5G est moins lié à la mise en place d’une nouvelle technologie de réseau, qui est plus efficace que les technologies actuelles, qu’à la possibilité de multiplier les terminaux connectés par rapport aux technologies actuelles. Cet impact est lié à un potentiel « effet rebond ».
Représentant en moyenne 50% du chiffre d’affaires et jusqu’à 85% des émissions de GES, les achats sont au croisement des enjeux commerciaux et ESG des entreprises.* Les politiques d’achats responsables constituent un levier incontournable au déploiement des stratégies de transformation des organisations.
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