L’évolution du cadre réglementaire implique les fournisseurs de tous rangs dans les stratégies d’achats durables des entreprises.
Pour rendre leurs chaînes d’approvisionnement responsables, les marques ont jusqu’alors eu pour habitude de présenter à leurs fournisseurs de rang 1 leurs propres exigences de durabilité, en comptant sur une répercussion en cascade de ces directives à l’ensemble des fournisseurs de la chaîne d’approvisionnement.
Aujourd’hui, les attentes des consommateurs et le renforcement de la responsabilité du premier donneur d’ordre sur les chaînes d’approvisionnement imposent aux entreprises une meilleure connaissance et davantage de transparence sur l’origine, les modes de production et les impacts de leurs produits.
Cependant, les exigences que s’imposent les marques, notamment au travers de leur plan de vigilance, ne sont pas suffisantes pour assurer leur mise en œuvre auprès de leurs fournisseurs. Des événements tragiques, tels que l’effondrement du Rana Plaza, en avril 2013 au Bangladesh, sont la preuve du non-respect des normes en matière de droits humains, et témoignent du manque de visibilité des premiers donneurs d’ordre sur les conditions de production de leurs produits. L’opacité des chaînes d’approvisionnement ne fait qu’amplifier le manque de leviers d’actions des marques pour accompagner la transformation de leurs filières en collaboration avec leurs fournisseurs.
Pour répondre aux risques sociaux et environnementaux sur les supply chains, des mesures d’amélioration des pratiques sont donc à co-construire directement avec les fournisseurs, une fois ces chaînes d’approvisionnement connues et tracées.
Il ne suffit donc plus de demander aux fournisseurs de porter seuls l’ambition de transformation d’une filière. L’enjeu aujourd’hui est de créer de véritables communautés, réunies autour d’objectifs et de plans d’actions communs, cohérents et pérennes, en engageant un dialogue avec les fournisseurs de rang 1 et en le facilitant avec leurs propres fournisseurs, les fournisseurs de leurs fournisseurs et ainsi de suite...
Il s’agit de repenser la gouvernance et les rapports de force pour travailler ensemble, en garantissant une protection concurrentielle le cas échéant, pour faciliter l’échange d’informations entre pairs.
Mieux engager les acteurs de la chaîne implique d’adapter la stratégie relationnelle à chaque typologie de fournisseurs de rang 1 :
Les critères de catégorisation peuvent varier selon la filière et l’activité du donneur d’ordre.
Ainsi, chaque fournisseur de la chaîne est équipé de manière ciblée de tous les outils nécessaires pour engager le dialogue avec ses propres fournisseurs et s’approprie la démarche en la faisant remonter « en cascade » aux rangs supérieurs. Cette autonomisation permet aux fournisseurs de confronter le niveau d’ambition impulsé par le donneur d’ordre avec ses propres fournisseurs.
Nous avons identifié avec nos clients cinq modalités d’animation du dialogue fournisseur, auxquels peuvent s’associer des outils ou pratiques agiles, nécessairement évolutifs.
Le pilotage d’une relation fournisseur durable par le dialogue est la pierre angulaire des projets de transformation des filières. C’est en associant traçabilité, méthodologies de mesure des risques (matières première, carbone, biodiversité, droits humains, etc.) et en animant les communautés de fournisseurs engagés autour d’objectifs communs que les filières d’approvisionnement deviendront plus résilientes.