Il est loin le temps où les consommateurs se contentaient d'être de simples acheteurs. Aujourd'hui, bien au-delà de l'acte d'achat, le consommateur a des attentes tout autant qu'un rôle à jouer. Il entend participer activement à l'élaboration de ses produits alimentaires et du modèle agricole qu'il souhaite encourager. Les nouveaux outils ont révélé que ces attentes avaient un poids. La modification de 900 recettes par Intermarché pour améliorer ses scores sur l'application d'évaluation « Yuka » n'en est qu'un exemple. Les consommateurs plébiscitent les marques en qui ils ont confiance, les produits qui leur semblent « bons ».
Aujourd'hui, ce que le consommateur considère comme « bon » va bien au-delà du goût et du prix. Rémunération des agriculteurs, impact du produit sur l'environnement, qualité nutritive et sanitaire, provenance, ou encore transparence des pratiques de l'entreprise orientent très largement les décisions des consommateurs.
Les perspectives sont infinies et pourtant bien réelles : donner vie à un projet de ferme agro-écologique à travers des plateformes de financement participatif spécialisées comme « MiiMOSA », aider à l'installation de jeunes agriculteurs en finançant l'achat de terres grâce à « Terres de lien », acheter des yaourts permettant de financer la formation et l'installation de jeunes agriculteurs laitiers en bio avec le collectif « Faire Bien », choisir une brique de lait qui rémunère mieux les éleveurs comme « Les Éleveurs vous disent merci ! », etc. Autant de nouveaux outils à disposition des consommateurs et dont le plus grand nombre reste à inventer ! Le « conso'moteur » peut être présent dès l'amont à la conception et l'élaboration du produit.
Cela soulève une question fondamentale : ce que veut le consommateur est-il forcément le plus vertueux ? Le plus souhaitable pour le modèle agricole et alimentaire de demain ? Le consommateur doit être informé, éclairé. Les nouveaux outils ont le mérite d'informer le consommateur, qui est de plus en plus avide de connaissances sur ces sujets complexes, pour construire une agriculture productive, rémunératrice, intégrée dans des agroécosystèmes diversifiés et résilients. Ces enjeux de taille et la prise de conscience active des consommateurs incitent l'industrie agro-alimentaire et la grande distribution à s'engager à plus de transparence et de pédagogie sur ces sujets complexes.
Les consommateurs sont les leviers indispensables, les moteurs pour réussir la transition agro-écologique. Mais cela ne peut se faire que sous conditions. Celle d'une bonne connaissance de l'ensemble du contexte et des enjeux. Celle de la prise en compte réelle des nouvelles appétences du consommateur et de sa volonté de s'impliquer activement par les acteurs du secteur, en particulier les industriels et la grande distribution. Certains ont envoyé des signaux en ce sens en ouvrant leurs usines avec l'opération Venez vérifier comme Fleury Michon, en proposant de réfléchir aux produits de demain comme Daucy avec sa plateforme de consultation Daucycestvousaussi, en soumettant des produits phares à la méthode de co-construction de C'est qui le patron chez Nestlé.
Pourtant les acteurs de l'agro-alimentaire sont encore trop peu nombreux à exploiter tout le potentiel d'une collaboration étroite avec les consommateurs pour construire l'alimentation et le modèle agricole de demain. Gageons que les initiatives présentées le 26 septembre 2019 à l'occasion de la Rentrée de l'agroécologie ont fait des émules autour de cette synergie clé d'une transition agro-écologique réussie.