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Quand la gouvernance familiale s’ouvre aux marchés financiers

Loin d’être antinomiques, entreprises familiales et bourse font souvent bon ménage ! Stabilité de l’actionnariat, vision stratégique de long terme, gestion financière prudente : les entreprises familiales disposent de solides atouts, comme le montre le graphe ci-contre qui illustre la sur-performance des entreprises familiales cotées sur Euronext par rapport aux principaux indices boursiers et aux entreprises non familiales.

Pour autant, les entreprises familiales qui ouvrent leur capital en bourse revisitent nécessairement leur gouvernance pour répondre aux attentes des investisseurs et se conformer aux exigences légales et réglementaires. Lequel des deux codes de gouvernement d’entreprise (code AFEP-MEDEF ou code Middlenext) choisir ? Quelle structure de gouvernance (moniste ou duale) adopter ? Comment ouvrir le Conseil à des personnalités extérieures sans en perdre la maîtrise ? Quels comités du Conseil instaurer tout en préservant une agilité décisionnelle ? Quels sont les changements à mettre en œuvre avant la cotation et ceux qui peuvent être progressifs ? … autant de questions que de choix possibles, porteurs d’enjeux, de risques et d’opportunités. Nous avons eu l’opportunité d’aborder certaines de ces questions dans notre premier article sur la gouvernance des entreprises familiales.

De l’importance de bien se préparer

 

Besoin de prendre le temps de comprendre le fonctionnement des marchés financiers, le processus d’une introduction en bourse et ses implications pour l’entreprise et la famille, et de mesurer le chemin à parcourir pour être prêt le moment venu ? Vous pouvez vous faire accompagner pour adresser l’ensemble de ces sujets. Par exemple, en suivant le programme FamilyShare d’Euronext ou bien en faisant réaliser un diagnostic personnalisé « IPO readiness » par nos experts pour guider la mise en place d’une feuille de route.

Si l’adoption de principes de bonne gouvernance est vertueuse par essence, elle est déterminante pour les sociétés cotées dans un monde où les décisions d’investissement sont notamment fondées sur un pilier gouvernance incontournable du triptyque ESG.

 

Conserver le contrôle de l’entreprise

 

La question de la dilution est au cœur des préoccupations des entreprises familiales qui envisagent l’ouverture de leur capital, a fortiori dans le cas d’une introduction en bourse. En pratique, sur les 51 introductions en bourse d’entreprises familiales sur Euronext depuis 2018, la part médiane du capital négociable en bourse (le flottant) est de 26%1 ce qui permet de maintenir le contrôle familial après l’entrée en bourse. Par ailleurs, la société cotée peut conserver si elle le souhaite des mécanismes de droits de vote double et/ou un pacte entre actionnaires avec des droits de préemption, afin de conserver le contrôle. Loin de constituer une barrière à l’entrée, l’ancrage familial et la démonstration d’un alignement optimal des intérêts entre actionnaires et dirigeants attirent au contraire les investisseurs de long terme vers les entreprises familiales.
Outre l’apport de nouveaux fonds propres, l’introduction en bourse permet de challenger l’organisation et les équipes en place, de faire évoluer le management, de bénéficier d’un regard neuf et extérieur sur l’entreprise, le modèle d’affaire, son développement, son potentiel. Le recul apporté par le nouveau réseau d’actionnaires et d’investisseurs potentiels - par rapport à des enjeux internes à la famille - peut aider à faire prévaloir la performance et ainsi accélérer la croissance, tout en permettant au groupe familial de maintenir son indépendance dans le temps. C’est aussi tout l’enjeu de la stratégie de communication pour asseoir la crédibilité et la confiance des marchés dans l’entreprise.

 

Enrichir les profils des administrateurs

 

Les règles du jeu applicables aux sociétés cotées en matière de gouvernance sont précises, notamment pour ce qui concerne l’indépendance et la mixité au sein des organes investis d’un pouvoir de surveillance de l’exécutif.
Au-delà de ces règles, les attentes sont de plus en plus fortes en matière de pluridisciplinarité et de diversité. Construire un nouvel ensemble cohérent et rassurant pour les actionnaires peut vite devenir un véritable casse-tête, et certaines entreprises familiales peuvent craindre d’y perdre leur âme. Le challenge est de taille mais il est aussi porteur d’opportunités dans le casting. C’est le moment d’engager une réflexion sur les profils stratégiques qui permettraient d’accroitre la complémentarité des compétences au sein du Conseil (métiers, marchés, pays, etc.) et ainsi contribuer à la qualité des délibérations et la pertinence des décisions. La mise en place de comités spécialisés du Conseil, tels que le comité d’audit, le comité des rémunérations et des nominations ou encore le comité RSE, permet également d’enrichir la gouvernance grâce à leur examen approfondi des sujets techniques ou complexes visant à éclairer les décisions du Conseil.

 

Organiser la transition générationnelle

 

Société cotée ou non, l’enjeu de transmission aux jeunes générations est prégnant dans beaucoup d’entreprises familiales en particulier lorsqu’elles ont été dirigées pendant des décennies par un chef de famille au leadership charismatique. Lorsque la société est cotée, les codes de gouvernance imposent l’élaboration d’un plan de succession systématique et structuré. La question de la transmission de témoin est alors du ressort du Conseil (instruite par le comité des nominations lorsqu’il existe) qui en expose publiquement le processus décisionnel associé, l’horizon de temps ou encore sa fréquence de revue. Cette démarche peut sembler contraignante lorsque l’échéance de succession est lointaine. Elle permet en réalité de mener une réflexion de fond dans l’intérêt social, d’identifier les leaders potentiels, de préparer leur montée en puissance, d’instruire les éventuels conflits d’intérêt et de faire prospérer l’activité tout en assurant, autant que faire ce peut, une continuité managériale au sein de la famille.

 

Dans la perspective d’une introduction en bourse, l’évolution de la gouvernance mérite d’être envisagée tôt dans le processus pour se donner le temps de définir les meilleurs schémas, c’est-à-dire ceux qui seront à la fois alignés avec les valeurs et la vision stratégique de la famille et qui porteront l’ambition de croissance de l’entreprise avec conviction.

 

1 Source Euronext, calcul au 30 novembre 2022

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