Il est à noter que pour les groupes d'entreprises la publication d'un rapport de durabilité au niveau de l'entité-mère permet d'exonérer ses filiales d'une publication individuelle à condition que celle-ci ne soit pas elle-même cotée sur un marché reglementé. Cela impose nécessairement une contribution individuelle des filiales dont les données compilées composeront la synthèse réalisée par l'entité faitière.
Cette révolution dans le reporting extra-financier a d'importantes conséquences pour les entreprises. Mais alors, comment se mettre en conformité avec cette réglementation ?
Le point d'entrée des travaux liés à la CSRD est l'analyse de double matérialité. Celle-ci a deux pré-requis cruciaux :
Une fois ces deux sujets couverts, les IRO doivent être cotés au niveau de la matérialité d'impact et au niveau de la matérialité financière. Pour illustrer ce qu'est un IRO, nous prendrons ci-après en exemple le sujet de la sécurité dans les résidences des bailleurs sociaux :
Une fois ces analyses conduites, l'entreprise peut modéliser sa matrice de double matérialité et se lancer dans l'étude des normes ESRS. Mais que retrouve-t-on en pratique dans ces normes ?
Parmi les 12 ESRS, aucune ne peut vraiment être considérée comme non pertinente pour les bailleurs sociaux. Découpées en 3 segments principaux, les 12 normes couvrent :
E : les thèmes environnementaux : changement climatique, biodiversité, eau, économie circulaire, biodiversité
S : les thèmes sociaux : effectifs de l'entreprise, travailleurs de la chaîne de valeur, communautés touchées, consommateurs et utilisateurs finaux
G : les thèmes de gouvernance : conduite des affaires, corruption, protection des lanceurs d'alerte, etc.
Ainsi, chaque ESRS est composée d'exigences de publication qui elles-mêmes contiennent des indicateurs qualitatifs et/ou quantitatifs. A ce titre, l'analyse de double matérialité conduite en amont permet d'apprécier la matérialité en entonnoir : d'abord pour les ESRS, puis pour les exigences de publication, et enfin au niveau des indicateurs.
Pour le secteur de l'immobilier, un enjeu environnemental capital est cristallisé par l'analyse de résilience (ESRS E1- SBM-3). Les indicateurs liés à cette exigence de publication demandent à l'entreprise de détailler l'exposition de ses bâtiments aux aléas climatiques (vagues de chaleur, inondations, tempêtes, etc.) et la vulnérabilité du parc immobilier à ces derniers qui peuvent être appréciés par exemple avec l’outil Bat-Adapt de l’Observatoire de L’immobilier Durable. Enfin, l'entreprise doit préciser les actions mises en place pour faire face à ces aléas et améliorer la résilience de ses bâtiments à long terme.
Si elle considère qu'une ESRS n'est pas matérielle, l'entreprise n'a pas à fournir de preuve autre que son analyse de double matérialité, excepté pour la norme ESRS E1 - Changement Climatique où la charge de la preuve est inversée : c'est à l'entreprise de prouver qu'elle n'est pas concernée par le volet climat. En pratique cela est rarement le cas.
Du côté des normes sociales, les entreprises vont devoir dépasser le simple cadre de leurs effectifs propres et étendre leurs politiques en amont et en aval de la chaîne de valeur, des fournisseurs jusqu'aux consommateurs. Une véritable transformation dans l'appréhension du périmètre de responsabilité sociale de l'entreprise est à accomplir.
Enfin, les enjeux de gouvernance poussent les entreprises toujours plus loin sur leur transparence dans la conduite des affaires : que ce soit pour les sujets de prévention de la corruption, le bien-être animal ou encore la protection des lanceurs d'alerte.
Afin de convertir cette contrainte réglementaire initiale en un levier de transformation organisationnelle, les entreprises doivent éviter plusieurs écueils, mais lesquels ?
Un exercice de transparence sur les impacts, risques et opportunités extra-financiers de l'entreprise.
Un outil de communication fiable, comparable et harmonisé entre les entreprises via le rapport de durabilité.
Un levier de transformation organisationnelle à actionner par les entreprises.
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Un exercice de perfection dans la quantité et la qualité des données remontées.
Une liste d'indicateurs quantitatifs à renseigner (70 % des indicateurs ESRS impliquent du contenu qualitatif).
Une directive punitive et contraignante.
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Retour sur la conférence le Sens et l'Action
Le 6 mars dernier, Deloitte a participé à la conférence le Sens et l’Action sur le thème du pacte vert et de la CSRD, en partenariat avec le Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D).
Applicable depuis le 1er janvier 2024, la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) fixe de nouvelles normes et obligations de reporting extra-financier. La CSRD est à l’initiative de nombreuses mesures dans le cadre du pacte vert pour l’Europe afin de rendre l’Europe climatiquement neutre en 2050.
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En partenariat avec l’Observatoire de la RSE (ORSE) et l’Association Nationale des DRH (ANDRH), nous avons organisé la restitution de notre enquête qui a pour objectif d’évaluer le niveau de maturité de la fonction RH au regard des nouvelles exigences de reporting de la CSRD. Cette restitution a permis d’obtenir un panorama des principaux enjeux et bonnes pratiques qui découlent de la mise en œuvre de la CSRD, et notamment de la norme sociale « Effectifs de l’entreprise ».
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