Le premier ministre Mark Carney avait annoncé que son gouvernement allait « dépenser moins afin d’investir davantage », une expression qui revient d’ailleurs à 14 reprises dans le budget de 2025. Tout au long de la campagne électorale, le premier ministre a indiqué qu’il y aurait un changement dans le cadre budgétaire afin de distinguer les dépenses de fonctionnement et les dépenses d’investissement. Un document technique du ministère des Finances, publié il y a quelques semaines, a utilisé des définitions larges pour cette classification, ce qui a suscité des inquiétudes quant à l’utilisation d’un tel cadre pour occulter des ancrages budgétaires clairs. Bien que ces préoccupations persistent, l’accent mis sur les dépenses d’investissement représente une rupture nette avec la politique du précédent gouvernement libéral. Le budget fait état de dépenses d’investissement antérieures, qui se situaient entre 25,8 et 30,7 milliards de dollars après la COVID, alors que pour les quatre prochaines années, les dépenses d’investissement devraient avoisiner les 60,0 milliards de dollars, illustrant ainsi une orientation renouvelée du gouvernement fédéral.
De plus, les investissements sont axés sur des secteurs susceptibles de stimuler l’investissement du secteur privé, ce qui, combiné au financement gouvernemental, devrait selon le gouvernement atteindre près de 1 000 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Certains de ces investissements proviendront de projets soumis au nouveau Bureau des grands projets, tandis que d’autres s’inscriront dans une stratégie plus large visant à développer des infrastructures pour diversifier le commerce. D’autres initiatives de financement, telles qu’un nouveau fonds d’un milliard de dollars destiné à mobiliser le capital de risque en encourageant la participation des fonds de pension et autres investisseurs institutionnels, s’inscrivent dans la même dynamique de coopération avec le secteur privé. Le gouvernement semble miser sur l’efficacité des mesures fiscales précédemment annoncées (bonifiées par le budget de 2025) ainsi que sur la réforme réglementaire proposée afin de renforcer la confiance des investisseurs et de permettre la réalisation de ces investissements générationnels.
Le budget de 2025 encourage les investissements du secteur privé grâce à des mesures bonifiées relatives à la déduction pour amortissement, en partie en réponse à la législation fiscale américaine adoptée plus tôt cette année. Il confirme la prolongation de l’Incitatif à l’investissement accéléré, qui prévoit une déduction bonifiée la première année pour la plupart des immobilisations, et étend ce régime pour permettre la passation en charges immédiate du coût des bâtiments servant à la fabrication ou à la transformation acquis à compter du 4 novembre 2025 et utilisés pour la première fois avant 2030. À titre d’exemple, la mesure de passation en charges immédiate est évaluée à environ 1,2 milliard de dollars sur cinq ans, soit un coût comparable à celui du crédit d’impôt proposé pour les préposés aux services de soutien à la personne, qui offrirait jusqu’à 1 100 $ par travailleur chaque année. Bien que les mesures fiscales additionnelles soient modestes, il convient de noter que la plupart d’entre elles avaient déjà été annoncées, notamment l’annulation de l’augmentation du taux d’inclusion des gains en capital et une réduction d’impôt généralisée en diminuant le taux marginal le plus bas pour la classe moyenne.
Les économies gouvernementales sont estimées à 60 milliards de dollars sur cinq ans, soit 4,9 % des dépenses directes de programmes. Le budget de 2025 inclut un plan sommaire des économies attendues par ministère. Par exemple, l’Agence du revenu du Canada (ARC) devrait réinvestir toute économie opérationnelle dans des ressources supplémentaires pour traiter les dossiers plus complexes, tout en renforçant la conformité fiscale et le recouvrement des créances, ce qui devrait générer environ 4,9 milliards de dollars de revenus supplémentaires au cours des cinq prochaines années. Ces investissements entraîneront probablement une augmentation du nombre de différends fiscaux avec les autorités fiscales.