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Commerce international

Contrebalancer les tendances géopolitiques par un accès commercial à long terme et des chaînes d'approvisionnement résilientes

Le ratio commerce/PIB de la Suisse est deux fois supérieur à la moyenne de l'OCDE, ce qui souligne l'importance du commerce international pour son économie et sa réussite économique. Le libre échange de biens et de services a récemment été mis sous pression par les guerres commerciales, le protectionnisme et une tendance à la démondialisation ou à la "glocalisation", encouragée par le site COVID-19. Ces tendances géopolitiques ne sont pas de bon augure pour un pays aussi dépendant du commerce international que la Suisse. Le gouvernement devrait conclure de nouveaux accords de libre-échange et garantir un accès à long terme au marché unique européen, le principal partenaire commercial de la Suisse. De leur côté, les entreprises doivent repenser et redéfinir leurs chaînes d'approvisionnement mondiales, leur choix d'implantation et mieux exploiter les avantages de la numérisation.

Nos recommandations

 

Voici ce que les décideurs politiques et les entreprises doivent faire pour stimuler l'échange de biens et de services en simplifiant les réglementations, en accélérant la numérisation et en réfléchissant à la législation.

 

Décideurs politiques

Déréglementer et simplifier le système tarifaire

 

Le système tarifaire de la Suisse est lourd. Le rapport 2019 du WEF sur la compétitivité mondiale classe la Suisse au dernier rang des 141 pays étudiés pour l'indicateur relatif à la complexité de son régime tarifaire. Le principal facteur à cet égard est probablement sa réglementation en matière d'importation de produits agricoles, qui est extrêmement complexe et protectionniste. Or, ce sont les consommateurs et les contribuables qui supportent l'essentiel du coût de ces réglementations - environ 20 milliards de francs par an, selon Avenir Suisse. Le démantèlement progressif de ces barrières commerciales pourrait donc avoir des retombées économiques importantes, et pas seulement pour les consommateurs et les contribuables. La libéralisation du marché suisse du fromage en 2007, par exemple, a prouvé que les producteurs nationaux pouvaient également bénéficier du libre-échange : l'augmentation des exportations a plus que compensé la perte de parts de marché résultant de l'assouplissement des restrictions sur les importations de fromage. Les producteurs de fromage sont devenus plus compétitifs, ce qui a permis de faire baisser les prix et d'élargir la gamme de produits.

Toutefois, la réduction des droits de douane n'entraîne pas automatiquement le démantèlement des obstacles au commerce. Les droits de douane pour les biens industriels importés sont relativement bas, mais l'industrie manufacturière est également confrontée à ce que l'on appelle les "droits de douane fantômes" : les entreprises doivent collecter des données pertinentes, évaluer les droits de douane dus et documenter l'origine des marchandises. Et lorsque les biens industriels sont exemptés de droits de douane en vertu d'accords de libre-échange, l'importateur doit documenter la base de cette exemption. Le Parlement a toutefois rejeté une proposition présentée par le Conseil fédéral suisse à la fin de 2019 visant à supprimer complètement les droits de douane à l'importation. Le moment est peut-être venu de revenir sur cette discussion.

Bien que la suppression des droits de douane sur les biens industriels ait été suspendue pour le moment, l'Administration fédérale des douanes suisses a récemment simplifié les procédures de dédouanement grâce à son projet de numérisation, DaziT. Elle estime que DaziT pourrait permettre aux entreprises suisses engagées dans le commerce transfrontalier de marchandises d'économiser environ 125 millions de francs suisses par an en coûts réglementaires. Cependant, DaziT n'implique pas de simplification des droits d'importation, de sorte que les avantages restent limités.

Maintenir les accords bilatéraux avec l'UE

 

L'Union européenne est le principal partenaire commercial de la Suisse. Elle représente plus de la moitié de ses exportations et près des trois quarts de ses importations, d'où l'importance cruciale de ses relations avec l'UE. Depuis 1999, la Suisse dispose d'une série d'accords bilatéraux régissant ses relations politiques et économiques avec l'UE. Toutefois, ces relations sont soumises à une pression croissante, l'UE ne souhaitant pas mettre à jour les accords existants sur le marché intérieur tant qu'un accord-cadre n'a pas été signé. L'Union démocratique du centre (UDC) a également proposé un référendum sur la suppression de la liberté de circulation, qui remet fondamentalement en question ces accords bilatéraux. Les électeurs suisses se prononceront sur cette question en septembre.

Dans certains secteurs de l'économie, la réticence du gouvernement a déjà provoqué une grande incertitude, entraînant des suppressions d'emplois et une réduction des bénéfices. Après la votation, la Suisse devrait donc présenter sans tarder des propositions pour un nouvel accord-cadre. La priorité absolue devrait être de maintenir les accords bilatéraux existants, qui constituent la base et la condition préalable à la poursuite des négociations, comme l'accord sur le transport d'électricité entre la Suisse et l'UE.

Réexaminer et élargir les accords stratégiques de libre-échange

 

Outre les accords avec l'UE et l'AELE, la Suisse a conclu 28 accords de libre-échange avec 38 pays partenaires, qui garantissent un accès mutuel préférentiel au marché. Ces accords diffèrent par leur contenu et peuvent être classés en deux catégories : les accords simples de première génération et les accords plus étendus de deuxième génération. Les accords de première génération se concentrent principalement sur le commerce des marchandises et réglementent des questions telles que les droits de douane, les obstacles techniques au commerce et la protection de la propriété intellectuelle. Les accords de deuxième génération couvrent également les marchandises, les investissements, les marchés publics et le commerce durable.

La Suisse devrait revoir ses accords de première génération existants et les élargir pour couvrir le commerce des services, qui a gagné en importance ces dernières années. L'augmentation du nombre d'employés travaillant à domicile pendant la crise du COVID-19 accélérera la tendance à la répartition mondiale de la main-d'œuvre dans le secteur des services, et de nombreux accords existants n'ont pas le champ d'application nécessaire pour faire face à cette évolution.

Le pays doit également conclure de nouveaux accords stratégiquement avantageux avec des partenaires, y compris des puissances économiques majeures, telles que l'Inde et l'Australie. Des négociations sont actuellement en cours avec l'Inde. Si la Suisse veut rester compétitive, l'absence de tels accords la désavantagera. Et si sa position protectionniste à l'égard de son propre secteur agricole s'avère être un obstacle permanent à la conclusion de nouveaux accords importants, elle devrait envisager de démanteler progressivement ces barrières commerciales (voir également la recommandation 1).

Mise à jour de la protection des données

 

Les règles suisses en matière de protection des données sont moins strictes que celles qui s'appliquent au sein de l'Union européenne. L'UE souhaite donc déterminer si la législation suisse garantit effectivement le même niveau de protection que sa propre législation. L'UE souhaite donc savoir si la législation suisse garantit effectivement le même niveau de protection que sa propre législation, notamment en ce qui concerne le traitement du profilage de la personnalité pour le recrutement personnalisé de citoyens de l'UE. Si la Commission européenne devait conclure que la législation suisse ne garantit pas le même niveau de protection que la législation de l'UE, l'économie suisse, et en particulier les PME, s'en trouveraient gravement désavantagées. Les entreprises devraient prouver qu'elles respectent les normes de protection des données chaque fois qu'elles concluent une affaire. La charge bureaucratique supplémentaire augmenterait inutilement les coûts et, de manière générale, rendrait les entreprises suisses moins compétitives. Il est donc essentiel de réviser la législation suisse, qui date de 1993 et qui aurait dû être révisée depuis longtemps, et de l'adapter à l'ère numérique.

Entreprises

Évaluer la maturité des processus de conformité commerciale

 

En raison d'un environnement réglementaire de plus en plus strict, les entreprises consacrent de plus en plus de temps et de ressources à l'administration des normes douanières et commerciales internationales. Des réglementations complexes en matière de contrôle des exportations limitent le commerce transfrontalier de certains biens et technologies et pénalisent les entreprises qui les enfreignent. Il n'est pas rare que les autorités douanières infligent des amendes de plusieurs millions ou dizaines de millions de francs suisses ou imposent des interdictions d'exportation à court terme aux entreprises.

Les entreprises doivent donc analyser la maturité de leurs processus de conformité et s'assurer qu'ils répondent aux réglementations commerciales. Les solutions logicielles modernes, par exemple, permettent de vérifier rapidement tous les partenaires commerciaux, de sorte que les entreprises peuvent éviter d'établir des relations commerciales avec des personnes ou des entreprises interdites. Elles permettent également aux entreprises d'optimiser la qualité et l'exactitude des informations commerciales pertinentes, telles que les codes tarifaires, les numéros de référence de contrôle des exportations et l'origine des marchandises, ce qui leur permet d'économiser du temps et de l'argent et d'éviter le risque d'amendes ou d'interdictions d'exportation - ainsi qu'une atteinte à la réputation de l'entreprise. Les entreprises peuvent alors traiter les problèmes rapidement et de manière proactive, tandis que le logiciel fournit des données de bonne qualité pour une analyse approfondie et l'identification des domaines où des économies peuvent être réalisées. Les entreprises bénéficieront ainsi d'une plus grande transparence en matière de droits de douane et pourront éventuellement mieux comparer les fournisseurs dans différents pays et faire preuve d'une plus grande flexibilité dans des circonstances extraordinaires, notamment lors de la pandémie de COVID-19. Les entreprises doivent exploiter ces possibilités de numérisation.

 

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Douanes & Gestion du commerce mondial

Réévaluer les chaînes d'approvisionnement

 

La conférence COVID-19 a douloureusement rappelé à de nombreuses entreprises à quel point leurs chaînes d'approvisionnement actuelles sont vulnérables. Les secteurs de l'automobile, de l'électronique et des produits pharmaceutiques ont toujours été, et restent, particulièrement dépendants de certains fournisseurs et de certaines régions. Plus de 200 entreprises du classement Fortune Global 500 sont présentes à Wuhan, la ville industrielle chinoise qui a imposé la première fermeture au monde. Pendant trop longtemps, de nombreuses entreprises se sont concentrées uniquement sur l'optimisation des coûts et la production en flux tendu. Elles doivent désormais repenser leurs chaînes de valeur mondiales et accroître leur résistance aux chocs majeurs, ce qui leur permettra de faire un usage stratégique des accords de libre-échange. Une base de fournisseurs plus large et d'autres mesures visant à diversifier les risques sont essentielles pour que les entreprises se protègent contre les perturbations. Se rapprocher des marchés de vente locaux ou des marchés intérieurs ("glocalisation") pourrait être une autre option à envisager. Par ailleurs, les entreprises suisses qui cherchent à réorganiser leur chaîne d'approvisionnement pourraient se tourner en particulier vers les pays d'Europe de l'Est, du Moyen-Orient et de la Méditerranée.

 

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Chaîne d'approvisionnement et opérations en réseau

Mieux utiliser l'automatisation et les réseaux numériques de la chaîne d'approvisionnement

 

L'automatisation des principaux processus nécessaires au commerce international est largement possible. Les plateformes de gestion du commerce mondial peuvent optimiser à la fois la collecte et l'utilisation des données commerciales, en augmentant l'efficacité de bout en bout et en réduisant les coûts. Ces outils permettent de mieux comprendre le monde de plus en plus complexe du commerce transfrontalier et donnent aux responsables une base plus large pour prendre des décisions.

Il en va de même pour les chaînes de valeur. La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l'importance pour les entreprises de conserver une vue d'ensemble aussi détaillée que possible de leurs chaînes d'approvisionnement. Les entreprises qui disposent d'un réseau d'approvisionnement numérique (RAN) sont avantagées : Les réseaux numériques d'approvisionnement transforment la vision linéaire traditionnelle d'une chaîne d'approvisionnement en un réseau avec un noyau numérique dans lequel les différents domaines sont désagrégés pour relier toutes les étapes de création de valeur les unes aux autres. Cela rend les chaînes d'approvisionnement beaucoup plus visibles et améliore la coopération et le partage d'informations. Dans un environnement instable, une DSN permet également aux entreprises de réagir plus efficacement à des événements inattendus, tels que des changements réglementaires, l'insolvabilité, des perturbations de l'approvisionnement, des fluctuations soudaines de la demande ou des conflits armés. Cet aspect sera encore plus important à l'avenir.

 

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Chaîne d'approvisionnement et opérations en réseau

Optimiser la stratégie d'implantation des entreprises à l'international

 

La stratégie d'implantation des entreprises est à la base du succès des multinationales. Une présence mondiale a un impact sur les coûts d'exploitation, la disponibilité de personnel qualifié et la proximité des clients, ce qui a des répercussions sur la gestion et le risque général. Les entreprises doivent toutefois veiller à ce que leur stratégie tienne également compte des facteurs tarifaires et commerciaux spécifiques. De nombreuses entreprises n'ont pas accordé suffisamment d'attention à ces domaines dans le passé, mais l'environnement commercial de plus en plus complexe et numérisé crée constamment de nouvelles possibilités d'optimisation de la stratégie, et ces facteurs doivent faire partie de la prise de décision. Les réglementations en matière d'importation et d'exportation de marchandises spécifiques peuvent varier d'un pays à l'autre, de sorte qu'une approche appropriée dans ce domaine peut permettre de réduire considérablement les coûts. Les entreprises multinationales devraient analyser et optimiser leur stratégie d'implantation et leur modèle d'entreprise de manière globale et pourraient bénéficier d'un réseau international d'accords commerciaux.

La stratégie d'implantation des entreprises doit également tenir compte des avancées technologiques. Les technologies émergentes, telles que la réalité augmentée et l'impression 3D, offrent de nouvelles possibilités de coopération internationale et pourraient affecter les sites de développement et de production existants.

 

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Conseil en gestion fiscale

La complexité des chaînes d'approvisionnement mondiales

Les chaînes d'approvisionnement mondiales n'ont pas été conçues pour faire face à un événement tel que le COVID-19. Découvrez pourquoi Bruno Pfeiffer pense que des chaînes d'approvisionnement résilientes, connectées et durables seront essentielles pour gérer les perturbations futures.

Perspectives

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