Cela nécessite d’énormes investissements en capital, une gestion des risques rigoureuse, une gouvernance solide et des contrôles efficaces. Les entités gouvernementales et les entreprises du secteur de l’énergie, des services publics et des énergies renouvelables doivent faire des choix difficiles pour s’assurer d’utiliser leurs capitaux efficacement.
Dans le présent article, nous examinerons trois grands créneaux par lesquels les entreprises du secteur de l’énergie, des services publics et des énergies renouvelables peuvent ouvrir la voie à la renaissance énergétique du Canada.
Compte tenu de l’évolution des structures du marché, des attentes des consommateurs et des événements géopolitiques, la demande d’énergie1 pourrait doubler au Canada d’ici 2050. Pour répondre à cette demande dans le contexte actuel, les entreprises du secteur de l’énergie, des services publics et des énergies renouvelables doivent décider de la manière la plus stratégique d’affecter leur capital. Quelques exemples? Investir plus de dix milliards de dollars pour la réparation d’infrastructures vieillissantes (en anglais)2, un milliard de dollars pour la création d’une nouvelle ligne de transport (en anglais)3 ou des millions de dollars pour la modernisation des technologies.
Le défi consiste à donner la priorité aux bons choix d’investissement dans un avenir de plus en plus imprévisible, en raison de l’incertitude géopolitique et économique.
De plus, aucune initiative n’a un prix définitif ou une date d’achèvement absolue. La construction d’infrastructures prend des années; les coûts technologiques, la tarification de l’électricité, les structures du marché et la réglementation, où le gouvernement joue un rôle important, ont donc le temps d’évoluer. Par exemple, le gouvernement provincial de l’Alberta a récemment annoncé des changements importants pour faciliter l’investissement et établir un marché de l’énergie restructuré (en anglais)4 qui a été accueilli froidement par le secteur privé.
Les entreprises du secteur de l’énergie, des services publics et des énergies renouvelables doivent planifier une multitude de scénarios liés au portefeuille énergétique, à la réglementation et à la demande pour faire les choix d’investissement les plus stratégiques. Les services publics peuvent prendre des décisions éclairées et fondées sur l’analyse des risques au moyen de modèles de scénarios flexibles qui analysent les bonnes données, notamment:
Bien qu’une stratégie d’investissement comprenne inévitablement des choix concernant des projets technologiques ou d’infrastructure, elle peut également englober l’investissement dans des partenariats. Par exemple, les communautés autochtones du Canada s’intéressent depuis longtemps à l’établissement de nouvelles relations significatives avec les entreprises actives dans leur écosystème.
Le gouvernement fédéral du Canada a récemment investi 11 millions de dollars pour fournir de l’énergie propre à 15 communautés autochtones éloignées. À l’échelle provinciale, Manitoba Hydro a récemment reçu l’appui des gouvernements du Manitoba et du Nunavut pour construire une ligne de transport de 1 200 kilomètres qui fournirait 50 MW d’énergie à la région de Kivalliq, au Nunavut.
La modernisation de la technologie ressort du lot parmi les priorités des entreprises du secteur de l’énergie, des services publics et des énergies renouvelables qui cherchent à saisir les occasions qui s’offrent à elle. De nombreux services publics investissent dans des réseaux intelligents, de nouveaux PGI et de la robotique, mais la valeur maximale de ces investissements demeure souvent sous-exploitée en raison de problèmes de qualité des données. Des données structurées et fiables sont essentielles pour maximiser l’efficacité des investissements technologiques, en particulier dans les domaines de l’IA et de la transformation infonuagique.
Comment les services publics peuvent-ils tirer la pleine valeur de leurs données? Par une meilleure intégration des technologies opérationnelles (TO) et des technologies de l’information (TI). Celle-ci permet l’analytique en temps réel ainsi qu’une meilleure visibilité et un contrôle plus rigoureux de l’infrastructure, optimisant du coup les performances et réduisant les temps d’arrêt. Par exemple, les compteurs intelligents et les capteurs utilisés dans l’infrastructure de mesure avancée (AMI) peuvent améliorer considérablement les performances du réseau, mais ils doivent être intégrés aux systèmes informatiques pour traiter et analyser les données et les connecter à d’autres systèmes, comme le système de facturation des clients. La convergence des TI et des TO nécessite également des mesures de cybersécurité (en anglais)5 plus rigoureuses dans l’ensemble du réseau, y compris chez les partenaires et les fournisseurs, pour protéger les infrastructures essentielles contre les menaces potentielles.
Normaliser les formats de données, intégrer les TI et les TO et combler les déficits de compétences permet aux entreprises du secteur de l’énergie, des services publics et des énergies renouvelables de mieux se positionner et de mieux gérer les complexités des systèmes énergétiques modernes. Au bout du compte, cela favorisera des solutions énergétiques plus durables et résilientes.
Dans un contexte d’incertitudes géopolitiques et économiques, les consommateurs d’énergie canadiens continuent d’accorder la priorité à l’abordabilité et à la fiabilité de l’énergie plutôt qu’à la durabilité. Selon une étude6 de Ressources naturelles Canada, même si les Canadiens voient d’un bon œil la transition vers une énergie propre, ils se préoccupent aussi de l’abordabilité et de la hausse des coûts initiaux.
Nous constatons des opinions mitigées similaires à l’égard de l’adoption des véhicules électriques. Malgré l’augmentation continue des immatriculations de véhicules électriques en 20247, l’élimination récente des programmes gouvernementaux de remises à l’achat de véhicules électriques (en anglais)8 fait en sorte qu’ils sont désormais moins accessibles pour les acheteurs. D’ailleurs, selon une étude réalisée en 2024 par J.D. Power (en anglais)9, la part des acheteurs de véhicules neufs au Canada qui envisagent « très probablement » d’acheter un véhicule électrique a diminué de trois points de pourcentage pour s’établir à 11 %, soit moins de la moitié de la part des acheteurs américains.
Les entreprises du secteur de l’énergie, des secteurs publics et des énergies renouvelables doivent équilibrer leurs cibles de carboneutralité avec le besoin d’un approvisionnement énergétique abordable et fiable.
La bonne nouvelle? Le Canada est déjà en bonne posture : environ 80 % de l’électricité est produite à partir d’énergies propres (en anglais)10, en grande partie en raison de la capacité hydroélectrique importante dans certaines provinces. Dans des régions comme l’Alberta, où l’hydroélectricité n’est pas une option, la réduction d’émissions passe notamment par des projets de captage et de séquestration du carbone et la conversion de centrales à gaz au charbon en gaz naturel. De plus, la capacité d’énergie renouvelable du Canada a bondi de 46 % au cours des cinq dernières années, notamment en raison de la hausse de la production d’énergie nucléaire11 et de l’accroissement important de la capacité d’énergie éolienne (en anglais)12.
Bien que la capacité de l’offre soit en croissance, les événements climatiques récents sont devenus plus extrêmes et touche à la fois l’offre et la demande. Par exemple, à l’été 2023, les incendies de forêt en Alberta ont causé la fermeture de plusieurs installations de production de gaz naturel, ce qui a entraîné une baisse de la production de 9,3 %13. Parallèlement, la Colombie-Britannique a constaté une augmentation importante de la demande des consommateurs qui utilisaient alors la climatisation pendant une vague de chaleur extrême. Ensemble, ces deux événements ont mis les systèmes énergétiques des deux provinces à rude épreuve.
Pour accroître leur offre, les services publics investissent notamment davantage dans les technologies de stockage d’énergie. De façon générale, les entreprises canadiennes de services publics ont toujours affiché de faibles capacités de stockage d’électricité (3,4 %). Or, la baisse des coûts entraîne une augmentation des investissements dans le stockage par batteries au lithium et stimule les progrès technologiques pour améliorer les capacités de stockage. Northland Power (en anglais)14 est d’ailleurs sur le point d’achever son projet de stockage d’énergie Oneida, un projet de pointe de stockage de batteries aux ions de lithium autonome de 250 MW/1 000 MWh. Il s’agit de l’un des plus grands projets de stockage d’énergie propre au monde. Il doublera la quantité de ressources de stockage d’énergie du réseau d’électricité propre de l’Ontario, qui passera d’environ 225 MW aujourd’hui à environ 475 MW. Le projet est une collaboration avec NRStor Inc. (NRStor), les Six Nations of the Grand River Development Corporation (SNGRDC) et Aecon.
Trouver l’équilibre entre les objectifs d’émissions ainsi que la fiabilité et l’abordabilité demeure un défi constant, car les services publics doivent composer en outre avec les changements économiques et gouvernementaux. Toutefois, ces changements peuvent aussi donner de nouvelles occasions à saisir avec le soutien et la stratégie appropriés.
Chez Deloitte, nous avons à cœur d’aider les entreprises du secteur de l’énergie, des services publics et des énergies renouvelables à relever ces grands défis. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, nous vous communiquerons des perspectives plus approfondies sur tous les sujets que nous avons abordés ici.
Deloitte collabore étroitement avec plusieurs de nos fournisseurs canadiens de services publics et d’énergie pour les aider à modéliser divers scénarios économiques, politiques et de gestion de l’offre et de la demande. Notre outil Réseau énergétique15 modélise les scénarios macroéconomiques et les scénarios liés au système de production-transport d’électricité. Il aide les entreprises à faire des choix stratégiques en leur permettant de mieux comprendre leurs besoins en matière de systèmes de production et de transmission. Pour modéliser la charge, l’adoption de technologies géospatiales et les exigences des systèmes de distribution, nos clients utilisent ElectrifiedGrid – notre plateforme de planification d’infrastructures électriques16, qui facilite la prise de décisions d’investissement difficiles grâce à la planification de scénarios et à l’analytique.
Nos Services-conseils en matière d’édification des Nations17 de Deloitte aident les entreprises de services publics et les titulaires de droits autochtones à établir et à entretenir des partenariats équitables pour favoriser une croissance économique partagée.
Si un sujet précis vous intéresse, n’hésitez pas à communiquer avec nous.
Notes de fin de texte :