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L’ingrédient humain dans le capital-investissement

Trois façons pour les équipes de transformer le talent en rendement alpha

Les sociétés de capital-investissement doivent actuellement naviguer dans un environnement transactionnel parmi les plus concurrentiels et les plus restreints dans l’histoire récente. À l’échelle mondiale, les liquidités engagées mais non affectées qui restent inutilisées se chiffrent à 1 100 milliards de dollars, bien que le volume des transactions soit en baisse de 30 % sur 12 mois.

Au Canada, le nombre de transactions visant des sociétés à grande capitalisation (transactions de 100 M$ à 500 M$) a diminué, tandis que celles de moindre envergure enregistrent une hausse, 141 transactions de ce type, pour une valeur totale de 18,2 G$, ayant été enregistrées au premier trimestre de 2025 seulement1.

À mesure que la pression s’accentue pour générer des rendements alpha dans un environnement à multiple élevé et à faible expansion, les entreprises canadiennes se demandent à juste titre :

Quelle sera la source de rendement alpha? Dans bien des cas, la réponse ne tient pas seulement au prix ou à la structure, mais aux gens.

Capital humain : un catalyseur de création de valeur d’une importance croissante

Bien que 80 % des sociétés de capital-investissement estiment que les talents comptent parmi les trois principaux catalyseurs de valeur, seulement 35 % d’entre elles mettent en œuvre une stratégie ciblée en matière de capital humain tout au long du cycle de vie des transactions.

En nous basant sur les conclusions de l’article « Beyond the term sheet: The human levers that find returns » (en anglais) et des entrevues menées avec des représentants de sociétés de capital-investissement canadiennes, nous avons dégagé trois leviers en matière de talents que les équipes de transaction canadiennes peuvent actionner pour accélérer les rendements.

Trois thèmes prioritaires émergent :

  • Aptitude du chef de la direction et mobilisation
  • Clarté culturelle pour permettre l’exécution
  • Mesures relatives aux talents qui ont une incidence sur le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA)

Voici trois moyens que votre société de capital-investissement peut employer pour créer de la valeur grâce à la planification du capital humain.

De nos jours, l’inconstance au sein des équipes de direction demeure un risque d’exécution clé dans le cadre des transactions de capital-investissement au Canada. Bien que la plupart des sociétés évaluent avant la clôture l’aptitude du chef de la direction à remplir son rôle, bon nombre d’entre elles s’appuient encore sur une approche instinctive ou sur des modèles d’évaluation disparates, surtout dans le cas des transactions auxquelles participent plusieurs investisseurs.

Une société de capital-investissement canadienne a indiqué qu’initialement, elle gérait au cas par cas les évaluations des membres de la direction. Parfois, elle faisait appel à des conseillers externes; d’autres fois, c’est l’instinct qui prévalait. Depuis, une carte de pointage a été introduite afin de mieux évaluer l’aptitude du chef de la direction à mettre en œuvre le plan de création de valeur (PCV). Il s’agit d’une avancée, même si des lacunes persistent quant à l’uniformité et à l’étendue de l’évaluation.

L’empathie est l’un des principaux critères d’évaluation du leadership. En effet, il a été prouvé que l’empathie favorise une culture de travail plus saine et améliore la performance financière2.

Les sociétés qui investissent tôt pour avoir un portrait clair des membres de la direction sont mieux positionnées pour :

  • encadrer et soutenir les nouveaux chefs de la direction;
  • mobiliser les équipes lorsque le fondateur d’une entreprise est remplacé à titre de chef de la direction;
  • réduire les frictions culturelles liées aux normes héritées, aux changements d’identité et aux attentes divergentes.

Boîte de légende : Les sociétés qui effectuent une évaluation de la préparation du chef de la direction avant la clôture d’une transaction sont 2,4 fois plus susceptibles d’atteindre leurs cibles en matière de création de valeur dans les 18 premiers mois.

Conseils pour la normalisation des évaluations des membres de la direction :

  • Faire le suivi des résultats obtenus par les dirigeants embauchés par le passé à l’aide de données.
  • Ajuster les critères en fonction du plan de création de valeur et ne pas se limiter à des compétences génériques.
  • Utiliser des outils structurés (p. ex., tests psychométriques, entrevues comportementales, références).
  • Effectuer des évaluations à différentes étapes (du contrôle diligent à l’intégration et à l’exécution).

En intégrant des données sur l’équipe de direction dans la thèse sur laquelle repose une transaction, les sociétés peuvent réduire les entraves après la clôture, accélérer l’exécution et construire des récits de leadership qui permettent d’étayer des multiples de sortie élevés.

Le leadership donne le ton, mais la culture est le moteur de la performance. Elle influence comment les décisions sont prises et comment les gens collaborent, mais aussi la rapidité avec laquelle les sociétés de portefeuille et les équipes de transaction arrivent à se coordonner après la clôture.

Pourtant, la plupart des sociétés considèrent la culture comme quelque chose d’insaisissable. Une société de capital-investissement canadienne a reconnu que l’attention se centre souvent sur le leadership et les incitatifs, et que la culture tend à passer au second plan, même si son incidence est tangible.

Les frictions culturelles peuvent retarder la réalisation des premiers leviers de création de valeur jusqu’à 30 %, particulièrement lorsque les équipes ont du mal à se mobiliser derrière la nouvelle direction. Souvent, lors d’une fusion ou d’une acquisition, une nouvelle équipe de direction n’est pas mise en place dans l’immédiat, voire pas mise en place du tout3.

Voici quelques indicateurs culturels à évaluer avant d’investir dans une société cible :

  • Dynamiques décisionnelles : la clarté, la transparence et la rapidité sont-elles au rendez-vous?
  • Sécurité psychologique : les effectifs ont-ils la latitude de s’exprimer, de remettre les choses en question et d’apprendre?
  • Engagement et mobilisation : la stratégie résonne-t-elle auprès des équipes?

Les sociétés canadiennes qui agissent tôt pour évaluer et façonner la culture sont mieux positionnées pour accélérer l’exécution et mobiliser les équipes derrière les nouveaux propriétaires.

La disponibilité de la main-d’œuvre est une source de tension croissante pour les sociétés de portefeuille canadiennes, mais peu d’entre elles en mesurent pleinement les effets. Bien que les sociétés effectuent souvent un suivi du roulement volontaire, elles modélisent rarement l’incidence sur le BAIIA des mesures plus générales relatives à la main-d’œuvre comme les délais d’intégration des nouveaux employés, la mobilité interne et la productivité de l’équipe.

Certaines sociétés canadiennes commencent à intégrer les données sur la main-d’œuvre directement dans les modèles de création de valeur non seulement pour réduire les risques, mais également pour déterminer les avantages pouvant être réalisés (p. ex., réduction des délais pour atteindre la productivité, renforcement de l’effectif de réserve au niveau de la direction et optimisation de l’effectif sous responsabilité directe).

Mesures que peuvent prendre les sociétés de capital-investissement tournées vers l’avenir :

  • Prévoir les départs regrettables et les secteurs de l’entreprise à fort roulement.
  • Quantifier les risques et les occasions découlant des délais d’intégration des nouveaux employés, du moral de la main-d’œuvre et du roulement.
  • Utiliser l’analytique des talents pour mettre en évidence la relation entre, d’une part, les tendances au sein de la main-d’œuvre et, d’autre part, les pressions sur le BAIIA ou la réalisation de synergies.

Miser sur les talents pour accroître votre rendement alpha

Bon nombre de sociétés canadiennes réévaluent leur approche en matière de leadership, de culture et de fidélisation du personnel, mais la plupart ont encore à faire pour intégrer plus systématiquement ces perspectives dans l’ensemble du cycle de vie de leurs investissements.

Dans le marché d’aujourd’hui, les sociétés qui ont une longueur d’avance sont celles qui considèrent le capital humain non seulement comme un risque à gérer, mais également comme un moyen d’accroître leur rendement alpha.

Sociétés concurrentielles :

  • Bâtir une équipe de dirigeants prêts à prendre les rênes de la direction.
  • Façonner des cultures qui accélèrent et soutiennent le plan de création de valeur.
  • Utiliser les données sur les talents pour déterminer comment et où investir.

L’outil exclusif d’IA de Deloitte, Periscope, aide les entreprises à évaluer quels rôles et quelles tâches sont les plus susceptibles d’être perturbés à l’avenir et où investir. Vous êtes prêts à conclure plus de transactions en toute confiance? Parlons de votre stratégie de capital humain.

  1. Canadian Venture Capital Private Equity Association, Q1 2025 Key Findings, publié en 2025 [en anglais seulement].
  2. Bloomberg, « Empaths at the gate: KKR and a Stanford Psychologist measure people skills », publié le 23 avril 2025 [en anglais seulement].
  3. Glassdoor, Glassdoor Economic Research, 2020, publié en 2020 [en anglais seulement].

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