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IA générative : les entreprises suisses affichent une attitude plus prudente que la concurrence internationale avec, à la clé, des potentiels encore inexploités

Zurich, le 31 janvier 2025

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Des investissement poussifs, un savoir-faire limité et très peu d’applications concrètes : les entreprises suisses tardent à s’emparer de la question de l’intelligence artificielle générative. Les entreprises européennes et américaines (États-Unis) ont une belle longueur d’avance en matière d’intégration de cette technologie. C’est ce que nous apprend l’étude « State of Generative AI in the Enterprise » de Deloitte.

Les programmes d’IA tels que ChatGPT sont devenus du jour au lendemain des compagnons incontournables du quotidien. L’intelligence artificielle générative (IA) est aujourd’hui largement utilisée pour simplifier les tâches. Toutefois, les entreprises ont besoin de plus de temps pour s’adapter à cette technologie. La dernière édition de l’étude sur l’IA de la société d’audit et de conseil Deloitte montre que son adoption exige plus de temps que ce qui était prévu au départ. L’euphorie affichée dans les enquêtes précédentes a fait place à un réalisme sain.

Par rapport à leurs homologues internationaux, les responsables d’entreprise suisses se montrent particulièrement frileux lorsqu’il s’agit de juger l’évolution de la situation. La moitié des membres de comités de direction interrogés estiment qu’il faudra encore un à trois ans à l’IA générative pour engendrer des transformations profondes de leur secteur. Un peu moins d’un tiers d’entre eux (30%) tablent même sur plus de trois ans. Seuls 8% estiment que l’IA générative a d’ores et déjà transformé l’environnement du marché. Aux États-Unis, en revanche, ils sont 22% à partager cet avis.

Figure 1 : domaines dans lesquels les entreprises suisses utilisent l’IA générative et état d’avancement 

La Suisse est lanterne rouge

Les entreprises des États-Unis promeuvent l’intégration de l’IA plus rapidement que les entreprises suisses : près de la moitié (45%) d’entre elles ont déjà bien ou très bien préparé leur infrastructure technique à son adoption. En Suisse, c’est le cas d’à peine un tiers d’entre elles (32%). Les entreprises européennes sont encore plus avancées. En ce qui concerne la préparation de la stratégie, le développement des compétences du personnel et la gestion des données, elles caracolent littéralement en tête, loin devant les États-Unis et la Suisse.

« Les entreprises suisses sont encore réticentes à adopter l’IA générative. C’est ce que nous observons également dans notre travail aux côtés de la clientèle. Cela dit, nous assistons déjà à une utilisation prometteuse de l’IA générative dans l’informatique ou le marketing », déclare Antonio Russo, responsable du département Innovation chez Deloitte Suisse. Comme le souligne le sondage, les domaines où les projets sont déjà les plus avancés sont l’informatique et la cybersécurité, de même que le marketing, la vente et le service à la clientèle. En revanche, en ce qui concerne les outils d’IA destinés aux départements juridiques ou aux ressources humaines et aux départements financiers, la plupart des entreprises n’en sont qu’à la phase d’évaluation.

Des investissements poussifs et un savoir-faire limité

L’enquête fournit quelques pistes à même d’expliquer ce retard par rapport à l’étranger. D’une part, les entreprises suisses investissent relativement peu dans l’IA générative : la moitié des personnes interrogées allouent moins de 20% du budget total de l’IA à cette technologie. Les États-Unis et l’Europe affichent des niveaux d’investissement sensiblement plus élevés. D’autre part, les entreprises suisses pâtissent d’un manque de connaissances techniques. Près d’un quart (24%) des entreprises admettent ne disposer que d’un faible niveau d’expertise dans l’utilisation de la technologie. Cette proportion n’est que de 13% en Europe et de 7% aux États-Unis. De la même manière, l’intérêt des directions d’entreprise pour l’IA est plutôt faible en Suisse. La majorité des personnes estiment d’une seule voix que le sujet mérite une plus grande attention en interne.

Figure 2 : pression interne et extérieure sur les entreprises suisses pour l’implémentation d’outils d’IA générative (comparaison annuelle).

La pression sur les entreprises suisses grandit

De fait, le manque de compétences et de personnel qualifié compte parmi les trois principaux obstacles à l’adoption de la technologie pour les entreprises suisses, à côté de la gestion des risques et de la complexité des exigences légales. Il ressort par ailleurs de la comparaison internationale que les résistances culturelles chez les collaborateurs sont plus fortes dans les entreprises suisses.

« Pour pouvoir exploiter largement le potentiel élevé de cette technologie, il convient de surmonter les résistances internes et d’investir davantage. Le temps presse, car la pression sur les entreprises grandit », constate Antonio Russo, responsable Innovation chez Deloitte Suisse. Par rapport au sondage réalisé il y a un an, le sondage actuel montre que les entreprises suisses sont presque deux fois plus nombreuses à ressentir en interne une nette nécessité d’agir en faveur de l’introduction d’outils d’IA générative : aujourd’hui 34% sont de cet avis, contre 18% l’année dernière. La pression extérieure est encore plus forte, notamment de la part de la concurrence et des actionnaires. En l’espace d’un an, cette proportion a littéralement bondi, passant de 18% à 46%.

À propos de l’étude

L’étude « State of Generative AI in the Enterprise » s’attache par le biais d’enquêtes trimestrielles à mettre en lumière la manière dont les entreprises adoptent l’IA générative. La quatrième vague de l’enquête, menée entre juillet et septembre 2024, a amené Deloitte à interroger 2’773 membres de comités de direction aguerris à l’IA dans 14 pays, dont 50 en Suisse.