Nous, qui sommes au Canada, suivons avec appréhension les rebondissements des négociations de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), dont les résultats pourraient avoir une portée considérable sur l’économie canadienne et la place du Canada sur le marché mondial. Quel que soit le dénouement des négociations, le mal pourrait déjà avoir été fait.
Tout comme la monnaie de papier, un accord commercial n’a de la valeur que si les gens croient qu’il en a et qu’il sera respecté dans le futur. Sans cette conviction, un accord a aussi peu de valeur que le papier sur lequel il est écrit. Maintenant que les États-Unis remettent énergiquement en cause les modalités de l’ALENA et menacent même de s’en retirer complètement, il faudra un certain temps aux investisseurs et autres parties prenantes influentes pour restaurer leur confiance en l’Accord, même si les négociations se passent bien.
Cela paraît de mauvais augure pour le Canada; malgré sa forte croissance économique des dernières années, la réalité est que l’attrait du Canada en tant que lieu d’affaires et marché propice aux fusions et acquisitions (F&A) tient pour une large part au fait que notre pays est une voie d’accès facile au marché américain. Notre position favorable a été officialisée par l’ALENA et a contribué à notre croissance économique. Cependant, à l’heure actuelle, cette position paraît incertaine.
Il se peut que de nombreux Canadiens espèrent tranquillement un renversement de la situation politique américaine au cours des prochaines années. Mais même si cela devait arriver, la tendance protectionniste des États-Unis semble se prolonger. Le parti actuel au pouvoir – qui a longtemps défendu le libre-échange et l’ouverture des marchés – affiche un protectionnisme plus inflexible de jour en jour. Qui plus est, de nombreuses récentes réformes de la fiscalité américaine dénotent un penchant protectionniste évident, et incarnent maintenant la loi du pays.
Il est temps que les entreprises et les investisseurs canadiens commencent à envisager sérieusement les incertitudes de l’avenir, notamment la perspective d’un protectionnisme américain accru et d’un affaiblissement de l’ALENA. Dans cette optique, voici cinq questions cruciales que tous les chefs d’entreprise devraient se poser :
En plus d’assurer la solidité de leur propre entreprise, les dirigeants et les spécialistes des F&A du Canada doivent collaborer avec leurs homologues gouvernementaux pour élaborer des stratégies et des objectifs liés aux négociations en cours de l’ALENA – dans l’intérêt de toutes les entreprises qui participent à l’économie canadienne.