Toronto est une ville de classe mondiale, mais le débat sur les embouteillages dans la région ne tient pas suffisamment compte des besoins des navetteurs pour produire l’effet souhaité. L’aménagement de nouvelles voies ou l’ajout de trains ne suffit plus. Les employeurs et les parties prenantes du secteur du transport dans le Grand Toronto doivent élargir leur perspective et tenir compte de ce qu’est vraiment le navettage, c’est à dire le processus individuel de déplacement entre le domicile et le lieu de travail. Afin de faciliter les déplacements, nous devons élargir la discussion pour aller au delà de l’« infrastructure du transport » de manière à favoriser le partenariat entre les gouvernements, les employeurs, les promoteurs et les navetteurs eux mêmes.
Pour trouver de meilleures solutions, il faut consulter les navetteurs. Le navettage est un processus qui repose fondamentalement sur l’expérience personnelle. Chaque navetteur est un expert en la matière, C’est-à-dire quelqu’un qui peut apporter des renseignements pratiques précieux pour alimenter le discours.
Cinq archétypes de navetteurs, Lin‑He, Carole, Robert, Pierre et Catherine, présentent la diversité des expériences que procure l’écosystème de navettage du Grand Toronto. Comprendre leur situation et leurs problèmes peut nous aider à déterminer comment changer de regard pour trouver de meilleures solutions.
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Vivant dans les quartiers intermédiaires, Robert prend le métro de la TTC pour éviter les embouteillages de l’heure de pointe. Son parcours simple en métro lui convient bien, car c’est pour lui le moyen le plus efficace, le plus rapide et le plus direct pour se rendre à son bureau au cœur du centre‑ville, pourvu qu’il n’y ait pas de retard. Robert serait le premier à convenir que le service de métro de la TTC est bon, mais qu’il peut être amélioré. Ce qui le rend le plus mécontent, c’est la fréquence des retards. Des retards inattendus sur son trajet se produisent au moins une fois par semaine et il est arrivé à plusieurs occasions qu’ils durent près de 30 minutes.
Pour Catherine, le faible coût du transport en commun compte plus que le temps qu’elle perd. Comme elle a un horaire de travail prévisible et que son lieu de travail ne change pas, Catherine respecte scrupuleusement une routine quotidienne qui repose sur les horaires de transport en commun. Lorsqu’elle arrive à destination, elle a fait un si grand nombre de haltes et elle a tant attendu et pris tant de correspondances qu’elle a l’impression d’avoir droit à une pause. Sa journée de travail ne fait pourtant que commencer. Il lui reste encore beaucoup d’heures de productivité, et elle devra mettre sa fatigue de côté pour bien faire son travail.
Pierre a à cœur de contribuer à rendre Toronto plus propre et plus écologique pour les gens qui y vivent et y travaillent; la possibilité de faire son trajet de deux kilomètres à vélo de façon rapide, efficace et écologique lui plaît beaucoup. Il a choisi d’emprunter Bay Street, car elle offre des voies réservées aux cyclistes, mais il constate sur son parcours que bien des voitures ne les respectent pas et passent souvent trop près pour faire des virages. À plusieurs occasions, des portières de voiture se sont ouvertes sur son passage, et Pierre a vu d’autres cyclistes subir bien pire. La fréquence des incidents est beaucoup trop grande et, même si l’expansion du réseau de pistes cyclables annoncée par la ville est une bonne nouvelle, il importe de s’occuper du comportement non sécuritaire des conducteurs.
Qu’elle ait à participer à une réunion imprévue chez un client ou à une conférence téléphonique en sortant de la ville, Carole travaille sans cesse. Ses journées de travail varient beaucoup. Elle est souvent en train de se déplacer entre les installations de différents clients, son bureau à la maison et l’immeuble du centre‑ville abritant les bureaux de l’employeur. Travaillant à toute heure du jour, Carole n’a pas une minute à perdre. Il lui faut un moyen de transport capable de s’adapter à son horaire variable et de lui permettre d’être productive pendant ses déplacements. Avec sa voiture, Carole a toute la souplesse voulue pour se rendre là où elle veut et elle peut visiter de multiples clients dans une journée, que ce soit pour la vente ou pour des réunions.
De la maison à la garderie, au bureau, au centre de conditionnement, au supermarché, à la garderie et de retour à la maison! Lin‑He ne pourrait se passer d’une voiture et ses déplacements quotidiens comportent de multiples segments. L’horaire chargé de sa famille peut changer en un clin d’œil pour diverses raisons. La voiture lui procure une grande liberté et lui permet de se déplacer à sa guise sans avoir à se plier aux limites des horaires du transport en commun. Même s’ils vivent à seulement cinq minutes de la gare GO de Mimico, Lin-He et son mari n’ont jamais pris un train GO, car il leur semble impossible de tout faire ce qu’ils ont de prévu dans une journée sans voiture.
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