Perspectives

Construction durable

Obstacles et occasions dans le secteur de la construction : les cinq forces motrices du secteur

Le secteur canadien de l’ingénierie et de la construction est aujourd'hui confronté à une multitude d'enjeux, tant positifs que négatifs. Qu'il s'agisse de la hausse des taux d’intérêt, de l’inflation encore élevée, des défis continus de la chaîne d’approvisionnement ou des possibilités apparemment infinies de l’intelligence artificielle (IA), les dirigeants ont beaucoup de sujets de réflexion alors qu’ils envisagent l’avenir.

Malgré ces défis, qui comprennent également la volatilité économique et géopolitique, le secteur présente encore un fort potentiel de croissance. Selon Randstad, le secteur canadien de la construction devrait générer 354,9 milliards de dollars américains d’ici 2024, avec un taux de croissance annuel composé de 8,5 %. Il emploie actuellement 1,2 million de travailleurs, soit environ 7 % de la main d’œuvre canadienne.

Quel est l'avenir du secteur? Deloitte a défini cinq forces clés qui influencent aujourd’hui le secteur de l’ingénierie et de la construction.

1. Projets d’infrastructure en cours

De nombreux projets d’infrastructure publique et privée importants sont en cours de réalisation, notamment la construction d’une ligne de métro de 16 kilomètres à Toronto entre la Place de l’Ontario et le Centre des sciences de l’Ontario, et la reconstruction du tunnel George Massey au sud de Vancouver. En Alberta, le gouvernement provincial, avec le gouvernement fédéral par l’entremise de son Programme d’infrastructure Investir dans le Canada, ont engagé plus de 52,7 millions de dollars pour réaliser plusieurs grands projets. Dans les plus petites collectivités du pays, le Fonds d’amélioration de l’infrastructure communautaire consacre plus de 150 millions de dollars à des projets qui appuieront la réparation ou l’amélioration d’installations.

L’un des investissements clés du secteur privé en Alberta est le projet d’oléoduc de TC Energy, d’une valeur de 8 milliards de dollars, qui transportera éventuellement jusqu’à 830 000 barils de pétrole par jour jusqu’au Nebraska.

2. Défis continus de la chaîne d’approvisionnement

Les ralentissements liés aux chaînes d’approvisionnement ont diminué par rapport à l’année dernière, mais ils demeurent problématiques; en effet, 58 % des entreprises canadiennes affirment que la chaîne d’approvisionnement demeurera l’une de leurs principales préoccupations pour le reste de 2023. En raison des retards de livraison de matériaux, 80 % des entreprises ont repoussé l’échéance de leurs projets, et 25 % ont refusé du travail parce qu’elles ne pouvaient pas garantir des résultats.

Le problème tient en partie au fait que bon nombre des difficultés d’approvisionnement survenues pendant la pandémie n’ont pas complètement disparu, comme les goulots d’étranglement dans les transports et les incertitudes géopolitiques. Une grande partie du secteur continue de constater d’importantes fluctuations dans les prix des intrants, la volatilité des coûts des matériaux entraînant notamment une hausse des dépenses de construction globales. Les entrepreneurs qui n’ont pas acheté de grandes quantités de matériaux à des prix normalisés, ou qui n’ont pas inclus de clause de révision des prix dans leurs contrats, pourraient être pénalisés si l’inflation continue d’augmenter.

3. Un marché du travail « souple »

Comme de nombreux autres secteurs, le secteur de l’ingénierie et de la construction est confronté à des pénuries de main-d’œuvre qualifiée et à des taux de roulement élevés. Bien qu’il y ait beaucoup de travail en raison du niveau élevé de dépenses engagées, les entreprises peinent à trouver les travailleurs dont elles ont besoin pour mener à bien leurs projets.

Pour compliquer les choses, de nombreux départs à la retraite sont à prévoir. En Ontario seulement, 21 % de la main-d’œuvre devrait prendre sa retraite au cours des dix prochaines années.ConstruForce Canada prévoit qu'il manquera 81 000 travailleurs qualifiés en Ontario d'ici 2030. Pour mieux attirer et retenir les travailleurs, les entreprises devront augmenter les salaires ou améliorer leurs avantages sociaux, ce qui augmentera la pression sur les coûts.

4. Gains d’efficacité grâce à l’IA

L’une des façons d’atténuer les pénuries de travailleurs consiste à investir dans l’IA. Ces technologies, incluant l'automatisation robotisée des processus, sont déjà utilisées pour les tâches administratives telles que la vérification des bons de commande ou la gestion des nomenclatures. Les nouvelles applications de l’IA aident également les entreprises dans la conception générative, la sélection de matériaux et la conformité aux codes, ainsi qu’à mieux comprendre les flux de circulation et de piétons au besoin.

L’IA a une grande incidence sur les affaires, mais les sociétés du secteur de l’ingénierie et de la construction devront trouver des personnes capables d’être formées aux modèles sous-jacents, les maintenir, et appliquer efficacement l’IA à leurs activités.

5. Priorité à la décarbonation

Le Canada doit relever le défi de la carboneutralité d’ici 2050. Le secteur de l’ingénierie et de la construction a un rôle majeur à jouer à cet égard, en particulier en ce qui concerne la construction de bâtiments écologiques et l’efficacité énergétique. À l’heure actuelle, le secteur de la construction produit 13 % des émissions de GES du Canada, soit la troisième source d’émissions la plus importante. Ce pourcentage passe à 18 % si l'on inclut les émissions liées à l'électricité. Plus de 78 % des émissions générées par les bâtiments proviennent des équipements de chauffage des locaux et de l’eau.

Le secteur de l’ingénierie et de la construction est appelé à développer de nouveaux bâtiments plus durables et à moderniser les espaces plus anciens avec des matériaux écoénergétiques et non émetteurs. Ces projets seront en partie financés grâce à la stratégie Bâtiments verts, dotée de 150 millions de dollars et annoncée dans le budget fédéral de 2022.

Les entreprises du secteur de l’ingénierie et de la construction ont manifestement beaucoup de matière à réflexion et, avec la hausse des taux d’intérêt de la Banque du Canada qui a atteint 4,75 % en juin, elles peuvent continuer de s’attendre à une volatilité dans la construction de logements. Avec la hausse de l’inflation, la confiance des consommateurs pourrait également être touchée.

Les entreprises devraient rester concentrées sur le long terme. Si elles y parviennent, les perspectives de croissance semblent prometteuses. Le bassin de projets de construction est solide, les gouvernements continuant de dépenser pour les infrastructures, et les nouvelles technologies devraient aider le secteur à devenir plus efficace dans les années à venir.

 

Pour en savoir plus sur la construction durable, consultez notre rapport mondial : Décarboniser la construction : Bâtir un avenir faible en carbone (en anglais seulement).

 

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