Les différentes réglementations impactant le contrôle interne, telles que la CSRD, DORA ou encore SAPIN II, sont de plus en plus exigeantes. Cette prolifération législative impose de nouvelles responsabilités au contrôle interne, notamment dans la gestion des risques et des contrôles. Bien que nécessaires, ces réglementations peuvent également s’avérer contraignantes. Leur non-respect peut coûter cher à l’entreprise, tant en termes d’amendes que de retards concurrentiels.
Relever pleinement ce défi réglementaire et atteindre une maturité dans la gestion des risques est un parcours complexe, parsemé d’embûches. Parmi les nombreux défis rencontrés, la digitalisation du contrôle interne est l’un des plus ardus. Cela peut sembler paradoxal dans un monde où l’ère de l’IA, de l’automatisation et de la robotisation transforme profondément les pratiques et simplifie les tâches répétitives. L’exemple de « l’uberisation » de nombreux services d’entreprise témoigne de cette révolution technologique.
Cependant, les outils conçus pour moderniser le contrôle interne, tels que les SIGR (Systèmes d’Information de Gestion des Risques) ou les plateformes IRM (Integrated Risk Management), peinent souvent à répondre aux attentes des entreprises. Plusieurs facteurs expliquent ce constat :
- Fragmentation des outils : La multiplication des solutions dédiées à différents sujets (gestion des risques, ESG, cybersécurité, audit interne, etc.) alourdit le parc applicatif et complique sa maintenance.
- Échecs d’implémentation : Un déploiement mal planifié ou mal exécuté peut s’avérer coûteux et inefficace.
- Mauvais choix d’outil : Un outil inadapté aux besoins spécifiques de l’entreprise peut compromettre les objectifs visés.
Complexité compréhensible
Cette situation, bien que frustrante pour les entreprises, est en réalité compréhensible si l’on examine de plus près les contraintes auxquelles les départements de contrôle interne sont confrontés :
- Budgets limités
Les départements de contrôle interne sont souvent confrontés à des budgets restreints, ils disposent rarement des ressources financières nécessaires pour investir dans des solutions technologiques robustes, souvent coûteuses.
- Difficulté du choix d’un outil adapté aux besoins
L’une des principales complexités réside dans la sélection d’un outil capable de répondre efficacement aux exigences variées des entreprises. En effet, un seul outil ne peut pas couvrir l’ensemble des besoins spécifiques, notamment dans des domaines aussi divers que la gestion des risques, la conformité ou l’audit. Historiquement, une personnalisation excessive des solutions a parfois conduit à des systèmes trop complexes, coûteux à maintenir et difficiles à faire évoluer.
Pour éviter ces écueils, il est crucial de privilégier des outils ludiques, intuitifs et simples d’utilisation. Ces solutions doivent être accessibles aux collaborateurs opérationnels non spécialistes en IT, tout en permettant au contrôle interne de travailler main dans la main avec eux. Trouver un juste équilibre entre simplicité, fonctionnalité et adéquation aux besoins est essentiel pour assurer une adoption réussie et un véritable impact opérationnel.
Vers des solutions mieux adaptées
Pour surmonter ces obstacles, il est essentiel de revoir la stratégie de digitalisation du contrôle interne et d’adopter des approches pragmatiques et réfléchies :
- Favoriser des outils collaboratifs et intégrés
Privilégier des solutions qui permettent de regrouper un maximum de sujets, tels que la gestion des risques, la conformité réglementaire, la cybersécurité, l’audit interne et les enjeux ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) au sein d’une plateforme unique favorise une meilleure collaboration entre les équipes. Une approche intégrée simplifie également la gestion des outils et réduit les coûts de maintenance.
- Adopter une approche "fit to standard"
Plutôt que de chercher à personnaliser l’outil pour l’adapter aux processus internes, il est recommandé d’adopter une philosophie de "fit to standard",. Cela signifie ajuster les processus de l’entreprise pour qu’ils s’alignent avec les fonctionnalités standard de l’outil. Cette démarche permet de réduire la complexité et d’accélérer la mise en œuvre.
- Prendre le temps de choisir le bon outil
Le choix d’un outil ne doit pas être précipité. Il est crucial de réaliser un benchmark approfondi des solutions disponibles sur le marché. Sous-estimer ce travail préparatoire peut s’avérer couteux. Il est essentiel de consacrer un projet spécifique à cette tâche et bien impliquer toutes les directions concernées (audit, contrôle interne, conformité, IT, cybersécurité, etc.). Une approche collaborative permettra de mieux cerner les besoins spécifiques de l’entreprise et d’assurer une adoption réussie de la solution choisie.
En conclusion, la digitalisation du contrôle interne est primordiale pour répondre à toutes les exigences réglementaires et sécuriser sa gestion des risques. Mais il faut garder en tête qu’aucune solution miracle ne pourra répondre à toutes les exigences et rassembler parfaitement l’ensemble des fonctionnalités souhaitées. La clé réside dans un choix étudié et raisonné ainsi que dans une mise en œuvre pragmatique.