Points de vue

Services bancaires et prêts au Canada en 2013

Mise au point de milieu d'exercice

Des données préliminaires annoncent un marché canadien du crédit vigoureux pour 2013. Les prêts aux entreprises sont en croissance. Les banques canadiennes sont de plus en plus disposées à accorder des prêts et les entreprises canadiennes cherchent à obtenir des fonds supplémentaires pour augmenter leurs liquidités et pour profiter des occasions d’investissement. Il s’agit d’un bon signe pour les banques canadiennes ainsi que pour l’économie canadienne dans son ensemble.

Croissance généralisée de l’octroi de prêts

Les prêts aux entreprises ont effectué une remontée marquée. Les données de la Banque du Canada pour les quatre premiers mois de 2013 démontrent que le total du crédit aux entreprises a augmenté de 7,7 % d’un exercice à l’autre. Les prêts bancaires constituent un facteur important ayant contribué à cette hausse. En effet, le crédit à court terme aux entreprises a augmenté de 12,2 % au cours de la même période et le crédit à long terme aux entreprises a augmenté de 8,3 %. De plus, les obligations et les débentures sont en hausse de 9,4 %.

  • Les prêts à terme sont très populaires. Ce type de facilité utilisée permet aux banques d’affecter leur capital de manière plus efficace que lorsqu’elles octroient des marges de crédit ou d’autres facilités non utilisées.
  • Les prêts garantis par des actifs sont également en forte demande. Leurs taux attrayants incitent les emprunteurs à délaisser le crédit qui n’est pas garanti par des actifs. Dans certains cas, les taux des avances pour les prêts garantis par des actifs sont beaucoup plus audacieux que ceux des marges de crédit de fonds de roulement.
  • Le marché à rendement élevé enregistre également une forte croissance grâce, dans une large mesure, au nombre grandissant d’investisseurs. Alors que cinq ans auparavant, il n’y avait que 20 investisseurs, aujourd’hui on en compte plus de 100. En outre, en raison du ralentissement continu des activités de F&A, plusieurs entreprises refinancent leurs émissions à rendement élevé.


Le secteur bancaire canadien se porte très bien et continue d'avoir bonne réputation pour sa gestion prudente et ses politiques avisées en risque.

Assouplissement des critères?

Nous avons également remarqué que les structures de crédit se sont assouplies au sein des marchés bancaires et institutionnels, principalement en raison de facteurs liés à la concurrence. On observe un retour des prêts à clauses restrictives réduites sur le marché américain et certains prêts accordés récemment au Canada étaient assortis du même genre de clauses. Ces prêts concernent généralement des instruments de créance de qualité inférieure et les clauses restrictives sont appliquées lorsque certaines mesures sont apportées plutôt que de manière régulière.

Comment réagiront les banques face aux nouveaux défis?

Le secteur bancaire canadien se porte très bien et continue d’avoir bonne réputation pour sa gestion prudente et ses politiques avisées en risque. Toutefois, de nouveaux défis font leur apparition en raison des changements à la réglementation et des mouvements du marché. On ignore quelle sera la réaction des banques qui chercheront à préserver leur rendement. Les banques canadiennes ont choisi d’adopter Bâle III par anticipation, soit avant l’échéancier établi par le Bureau du surintendant des institutions financières du Canada (BSIF). Les banques augmentent leur ratio des fonds propres de première catégorie et leur ratio du total des fonds propres afin de répondre aux exigences de Bâle III et aux exigences supplémentaires en matière de fonds propres imposées aux banques nationales d’importance systémique qui ont été récemment publiées par le BSIF. Ces nouvelles exigences en matière de fonds propres devraient inciter les banques canadiennes, surtout les six principales désignées comme banques nationales d’importance systémique, à maintenir de meilleurs rendements ajustés en fonction du risque.

Un ralentissement éventuel des prêts aux consommateurs et des activités hypothécaires pourrait entraîner des défis supplémentaires. Les principaux marchés immobiliers sont prêts pour un redressement et les consommateurs semblent tenir compte des nombreux avertissements quant aux niveaux élevés d’endettement. Certains analystes croient que l’exposition des banques canadiennes au marché de l’habitation et aux consommateurs surendettés est trop importante. Moody’s a d’ailleurs déclassé six banques canadiennes plus tôt cette année en raison de ses préoccupations à ce sujet. De plus, les banques qui participent activement au sein du secteur minier et du secteur de l’énergie risquent de faire l’objet de pressions liées à la croissance si ces secteurs faiblissent en raison de la conjoncture.

Que réserve l’avenir pour les banques et les prêts aux entreprises?

Pour ce qui est de l’avenir, nous nous attendons à ce que les entreprises emprunteuses se concentrent sur le maintien de liquidités adéquates et qu’elles reportent l’échéance de leur dette à long terme afin de tirer parti de la conjoncture du marché. De plus, il est fort probable que le nombre de refinancements augmente, surtout dans le marché institutionnel, alors que les entreprises chercheront à profiter des taux favorables.

En ce qui concerne les banques, nous croyons qu’il y aura une forte concurrence en matière de prêts aux entreprises. On pourrait voir des guerres de prix survenir, mais il s’agirait d’un nivellement par le bas pour tous les acteurs. Les critères d’octroi de prêts pourraient être assouplis davantage, mais la prudence des Canadiens devrait limiter les risques graves. Les banques pourraient répondre aux pressions liées à la croissance en portant un nouveau regard sur leurs affaires et sur leurs activités, relevant ainsi les défis de façon innovatrice.

Seul le temps le dira.

Robert Olsen est le coleader mondial du groupe des Services-conseils en matière de capitaux de Deloitte.

Jeannot Blanchet est leader national de la pratique des Services financiers de Deloitte.

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